Propriétés du document
- Type de publication : Ligne directrice
- Catégorie : Saines pratiques commerciales et financières
- Date : Octobre 2010
- No : E-19
- Public : Banques / SPB / SFP
La présente ligne directrice énonce les attentes du Bureau du
surintendant des institutions financières (BSIF) au sujet du processus
interne d'évaluation de l'adéquation des fonds propres de l'institution,
tel que décrit à la Partie 3 du Cadre de Bâle II. Elle s'applique
aux banques, aux sociétés de portefeuille bancaire et aux sociétés
de fiducie et de prêt fédérales, collectivement désignées « l'institution
».
La ligne directrice, Normes de fonds propres (NFP),
établissent les exigences minimales servant à calculer les normes
ou cibles de fonds propres.
Le processus d'examen du BSIF cible les risques qui se rattachent
à chaque activité importante de l'institution et la qualité des
mesures qu'elle prend pour atténuer ces risques. L'examen du PIEAFP
complète l'évaluation indépendante du risque inhérent et de la gestion
des risques, et son résultat permet parfois de rajuster cette évaluation.
Énoncé
des principes réglementaires
Les exigences de fonds propres énoncées dans la ligne directrice sur les NFP sont des seuils réglementaires qui supposent
que l'institution dispose d'un portefeuille d'expositions au risque
qui est très granulaire et largement diversifié. Puisque les exigences
minimales de fonds propres réglementaires renferment des hypothèses
restrictives ou de simplification, l'institution ne doit pas se
contenter de respecter les seuils réglementaires lorsqu'elle procède
à son évaluation de l'adéquation des fonds propres.
Un PIEAFP complet et détaillé est un élément essentiel d'un programme
rigoureux de gestion des risques. Il doit produire un niveau de
fonds propres suffisamment élevé pour correspondre à la nature et
au niveau des risques de l'institution. Chaque institution de dépôts
fédérale doit établir ses cibles de fonds propres internes au moyen
d'un PIEAFP qui lui est propre, et mettre au point des stratégies
qui lui permettent d'atteindre des cibles conformes à ses plans
d'entreprise, à son profil de risque et à son contexte opérationnel.
Du point de vue du BSIF, les PIEAFP fournissent des suppléments
d'information qui peuvent faciliter l'évaluation du risque inhérent
et faire ressortir la nécessité d'accroître la surveillance au-delà
du processus habituel. Bien que le BSIF utilise l'information recueillie
dans le PIEAFP de l'institution pour évaluer la qualité de la gestion
des risques, il n'approuve pas son PIEAFP.
Portée
du PIEAFP
Le BSIF s'attend que les institutions de dépôts fédérales, y compris
les filiales canadiennes de banques étrangères, mettent en place
un PIEAFP couvrant les activités consolidées jusqu'à l'entité réglementée
au Canada occupant l'échelon le plus élevé. L'approche consolidée
signifie qu'il n'est pas nécessaire d'implanter un PIEAFP officiel
dans chaque entité juridique relevant de l'institution mère canadienne.
Même si le PIEAFP doit couvrir les activités consolidées jusqu'à
l'entité réglementée au Canada occupant l'échelon le plus élevé,
le BSIF s'attend que la planification des fonds propres de l'institution
tienne compte des risques qui découlent de ses activités à l'étranger
et de l'accessibilité des fonds propres et des actifs au Canada
pour protéger les déposants canadiens.
Les filiales canadiennes de banques étrangères peuvent appliquer
les méthodes du groupe consolidé pour évaluer le risque. Toutefois,
le PIEAFP d'une filiale de banque étrangère doit tenir compte de
sa situation, et les données et méthodes de l'ensemble du groupe
doivent être correctement modifiées pour produire des cibles de
fonds propres internes et un plan de fonds propres qui convient
à la filiale de banque étrangère.
Attentes
concernant le PIEAFP de l'institution
Un PIEAFP rigoureux comporte six composantes principales :
- supervision exercée par la haute direction
- évaluation et planification saines des fonds propres
- évaluation exhaustive des risques
- simulation de crise
- surveillance et notification
- analyse par le contrôle interne
Même si ces caractéristiques fondamentales du PIEAFP sont largement
prescrites, il n'existe pas de méthode parfaite et aucune approche
ne s'applique à toutes les institutions. Le PIEAFP doit être aussi
simple ou complexe que l'exige la situation, et il doit tenir compte
du mode de gestion et d'organisation pratique de l'institution.
Il ne doit pas être établi uniquement pour satisfaire à un besoin
de réglementation.
Le caractère officiel et le niveau de complexité des PIEAFP dépendent
de la complexité de l'institution, de la gamme de ses activités,
de son profil de risque et de son contexte opérationnel.
I.
Supervision exercée par la haute direction
La haute direction doit superviser la conception et la mise en œuvre du PIEAFP de l'institution. Pour évaluer efficacement l'adéquation de ses fonds propres, l'institution
doit mettre en place un processus rigoureux de gestion des risques.
La direction doit comprendre la nature et le niveau de risque assumé
par l'institution, et le lien entre le risque et le niveau adéquat
de fonds propres. La direction doit également veiller à ce que le
caractère officiel et le niveau de complexité des méthodes de gestion
des risques correspondent au profil de risque et au plan d'entreprise
de l'institution.
Dans le cadre du processus de planification stratégique, l'institution doit exécuter une analyse de ses exigences actuelles et futures de fonds propres en fonction de ses objectifs stratégiques. Le plan stratégique doit décrire avec précision les besoins en fonds propres de l'institution par rapport, entre autres, à la croissance prévue au bilan et des acquisitions, au cadre de gestion de la propension à prendre des risques et à l'accès à des sources externes de fonds propres.
Voir la ligne directrice Gouvernance d'entreprise pour obtenir des précisions sur les attentes du BSIF à l'égard du conseil d'administration d'une IFF en ce qui a trait à la gestion des fonds propres et de la liquidité.
II.
Évaluation et planification rigoureuses des fonds propres
La planification des fonds propres est un élément crucial de la capacité d'une institution à atteindre ses objectifs stratégiques souhaités. Un processus rigoureux d'évaluation des fonds propres doit renfermer
les éléments suivants :
- un processus d'évaluation des risques précis et étayé, permettant
de déterminer si un risque doit se traduire par la conservation
d'un montant explicite de fonds propres;
- des politiques et des procédures conçues pour permettre à l'institution
de cerner, de mesurer et de communiquer tous les risques importants
qui nécessitent un apport de fonds propres;
- un processus qui établit un lien entre les fonds propres et
les niveaux de risque constatés et prévus, conformément à la propension à prendre des risques de l'institution;
- un processus qui indique les objectifs en matière de suffisance
des fonds propres, compte tenu de l'orientation stratégique de
l'institution et de son plan d'entreprise;
- un processus de contrôle, d'examen et d'audit interne
visant l'intégrité du processus global de gestion des risques.
La plupart des institutions tiennent compte de plusieurs facteurs
lorsqu'elles établissent un lien entre les fonds propres et le niveau
de risque, notamment :
- l'écart entre leurs niveaux de fonds propres, les normes réglementaires
en la matière et ceux de leurs pairs;
- la prise en compte des concentrations de risque relevées dans
le cadre des activités, entre autres au chapitre du crédit;
- la cote de crédit que leur attribue l'agence de notation, et
celle qu'elles visent, s'il y a lieu;
- des situations éventuellement graves, d'après les résultats
antérieurs, subies par l'institution ou le marché dans lequel
l'institution exerce son activité, de même que des scénarios non
historiques;
- les modifications qu'il est prévu d'apporter aux plans stratégiques
ou d'entreprise de l'institution, les changements détectés dans
son contexte opérationnel, et les changements corrélatifs qui
visent son portefeuille de risque.
Les institutions dont le profil de risque est plus complexe et
diversifié appliqueront également des techniques de modélisation
des risques et des analyses de scénario intégrées à l'estimation
des risques qu'elles peuvent joindre à leur évaluation globale de
la suffisance des fonds propres. Les estimations quantifiables des
risques utilisées dans le cadre de cette évaluation doivent aussi
avoir un usage opérationnel (et non seulement être utilisées aux
fins du PIEAFP) et elles doivent être soumises à une validation.
Puisque les modèles de capital économique ont été conçus comme mesure
relative du risque utilisée pour évaluer le rendement et établir
les prix, les hypothèses qui sous-tendent ces modèles sont valables
dans des conditions normales, mais non aux termes de situations
de tension envisagées dans le PIEAFP. Même si les modèles de CE
constituent des éléments utiles aux fins du PIEAFP, le CE ne saurait
remplacer ce dernier.
Aux fins de l'évaluation de la suffisance des fonds propres par
rapport aux risques et à la prise de décisions sur le niveau et
la structure convenables des fonds propres, une petite institution
moins complexe peut continuer de s'en remettre davantage à des considérations
qualitatives bien validées. Ces considérations peuvent englober
les attentes implicites ou explicites sur la réglementation et les
marchés, l'analyse par les groupes de pairs, et les résultats des
simulations de crise prospectives des composantes du risque qui
doivent être prises en compte dans les fonds propres. Dans le cas
des risques qui ne peuvent être directement quantifiés (p. ex. le
risque d'atteinte à la réputation), toutes les institutions peuvent
recourir à des considérations qualitatives bien validées.
Un processus efficace de planification des fonds propres exige
que l'institution évalue les risques auxquels elle s'expose et les
méthodes de gestion des risques en vigueur pour gérer et atténuer
ces risques; évaluer la suffisance de ses fonds propres par rapport
aux risques; et tenir compte des effets éventuels du ralentissement
de l'économie sur les revenus et les fonds propres. L'institution
doit déterminer une période au cours de laquelle elle évaluera la
suffisance de ses fonds propres. Elle doit déterminer si les cibles
de fonds propres à long terme sont conformes aux objectifs à court
terme, d'après l'évolution constatée et prévue du profil de risque,
et être consciente que les besoins en fonds propres supplémentaires
peuvent exiger une longue préparation. La planification des fonds
propres doit tenir compte des problèmes éventuels de mobilisation
de fonds propres additionnels pendant les ralentissements ou d'autres
périodes de crise.
III.
Évaluation exhaustive des risques
Le PIEAFP doit porter sur tous les risques importants auxquels
l'institution est confrontée en ce qui touche la suffisance des
fonds propres, y compris tous les risques explicitement saisis dans
les exigences minimales de fonds propres réglementaires, de même
que les risques qui ne sont pas saisis intégralement en vertu de
ces exigences. Les techniques utilisées pour évaluer les risques
importants doivent tenir compte de la portée et de la complexité
des activités de l'institution sur le plan de la prise de risques.
Risque
de crédit
L'institution doit appliquer des méthodes lui permettant d'évaluer
le risque de crédit que renferment les expositions individuelles
et au niveau du portefeuille. La surveillance du risque de crédit
aux fins de l'évaluation de l'adéquation des fonds propres devrait
couvrir quatre éléments :
- les systèmes de notation des risques
- l'analyse et l'agrégation des portefeuilles
- les grands risques et les concentrations du risque
- la titrisation et les dérivés de crédit complexes (le cas échéant)
Le perfectionnement des méthodes utilisées pour quantifier le
risque de crédit dépend de la portée et de la complexité des activités
de crédit de l'institution. Les activités moins complexes peuvent
englober diverses méthodes, mais doivent à tout le moins tenir compte
des facteurs suivants :
- l'historique des pertes subies
- la situation économique passée et prévue
- caractéristiques propres à un groupe défini d'emprunteurs
- autres caractéristiques qui influent directement sur le recouvrement
d'un ensemble ou d'un portefeuille de prêts
Les institutions sont invitées à consulter la ligne directrice sur les limites régissant les engagements importants du BSIF et la note d'orientation sur les limites régissant les engagements importants, de même que le document d'appui du Comité de Bâle intitulé Principles for the Management of Credit Risk pour plus de précisions sur les attentes aux fins de la gestion des expositions à des emprunteurs individuels ou des entités liées.
Concentration
des risques
L'impact de la concentration des risques doit être pris en compte
dans le PIEAFP de l'institution. Parmi les situations donnant habituellement
lieu à la concentration des risques, mentionnons les expositions
à :
- une contrepartie, un emprunteur ou un groupe de contreparties
ou d'emprunteurs liés
- des secteurs économiques ou d'activité, notamment les institutions
financières réglementées et non réglementées, par exemple des
fonds de couverture et des entreprises de capital-investissement
- des régions géographiques
- des types de sûreté semblables ou un fournisseur de protection
de crédit individuel ou étroitement lié, et d'autres expositions
découlant de techniques d'atténuation du risque de crédit
- les expositions du portefeuille de négociation et le risque
de marché
La concentration des risques peut aussi découler d'une combinaison
d'expositions dans ces vastes catégories. L'institution doit bien
comprendre ses concentrations de risque de crédit à l'échelle de
l'entreprise découlant d'expositions semblables dans ses différents
secteurs d'activités.
Elle peut également se trouver indirectement aux prises avec une
concentration de risques à l'égard d'un type d'actif particulier
en raison de placements adossés à ces actifs (p. ex. des obligations
adossées à des créances (OAC)), ou de sûretés ou de garanties utilisées
pour atténuer le risque de crédit. L'institution qui s'en remet
davantage à la valeur de sûretés qu'à l'évaluation de la capacité
de rendement de l'emprunteur ou d'une contrepartie peut s'exposer
à un risque de marché imprévu, en plus du risque de fausse orientation , plus particulièrement
en cas de baisse de la valeur de la sûreté.
L'institution doit mettre en place des procédures suffisantes
et systématiques de détermination d'une forte corrélation entre
la solvabilité d'un fournisseur de protection ou d'une sûreté et
les débiteurs des expositions sous-jacentes parce que leur rendement
dépend de facteurs communs qui dépassent le risque systémique (c'est-à-dire
le « risque de fausse orientation »).
Diversification
des risques
L'institution doit user de prudence lorsqu'elle intègre les avantages
de la diversification des risques à son PIEAFP. Les hypothèses de
diversification reposent souvent sur le jugement expert et sont
difficiles à valider. L'institution doit se montrer prudente dans
le cadre de l'évaluation des avantages de la diversification, tout
particulièrement entre les diverses catégories de risque, et elle
doit déterminer si ces avantages existent dans des situations de
crise.
Titrisation
Lorsque les activités de titrisation (p. ex. la titrisation de
propres actifs aux fins du transfert du risque et(ou) de la capitalisation;
les structures de crédit de garantie à des tiers) sont importantes,
le PIEAFP de l'institution doit tenir compte des risques découlant
de l'émission, de la structure, de la distribution et(ou) de l'investissement
de tels actifs, y compris les risques entièrement saisis dans les
exigences minimales de fonds propres réglementaires. Il peut s'agir,
par exemple, du risque d'atteinte à la réputation, et d'un soutien
non contractuel ou implicite à des mécanismes de titrisation. Le
rendement de l'actif peut faire en sorte que les actifs soient retournés
au bilan par amortissement ou rachat. Le bouleversement de la demande
de papier commercial adossé à des actifs sur les marchés peut entraîner
des actifs qui demeurent dans le processus hypothécaire au bilan
ou obliger le cédant à appuyer son propre papier. Ce bouleversement
influe négativement sur les fonds propres et les liquidités qui
doivent être planifiés par l'institution.
L'institution doit préparer des plans d'urgence prudents qui précisent sa façon d'intervenir en cas de tensions exercées sur les fonds propres, lorsque l'accès aux marchés de la titrisation est réduit. Ces plans doivent également traiter de la façon dont l'institution réglerait les problèmes d'évaluation pour les positions éventuellement peu liquides détenues aux fins de vente ou de négociation. Les mesures du risque, les résultats des simulations de crise et les plans d'urgence doivent être intégrés aux processus de gestion des risques de la banque et à son PIEAFP, et ils doivent déboucher sur un niveau convenable de fonds propres en vertu du deuxième pilier, au delà des exigences minimales proportionnelles à l'énoncé de la propension à prendre des risques.
Pour plus de précisions au sujet des saines pratiques de gestion des risques liées aux opérations de titrisation, les institutions doivent également se reporter au chapitre 7 de la ligne directrice sur les NFP, au préavis Titrisation – Pratiques attendues d'octobre 2008.
Prêts
à l'étranger
L'institution qui effectue des prêts à l'étranger s'expose à un
risque accru, y compris au risque-pays, au risque de concentration,
au risque de change (risque de marché), de même qu'aux risques juridique
et opérationnel, de réglementation et de conformité, qui doivent
tous être pris en compte dans le PIEAFP. Les lois et les mesures
prises par les organismes de réglementation à l'étranger pourraient
vraiment compliquer le recouvrement des actifs et des garanties
en cas de défaut. Si les risques juridiques, de réglementation et
de conformité associés aux concentrations au titre des prêts à l'étranger
ne sont pas pris en compte dans un autre volet du processus d'évaluation
des risques de l'institution, des fonds propres supplémentaires
seront nécessaires pour ce type de prêt dans le PIEAFP de l'institution.
Risque
opérationnel
Pareille rigueur doit être appliquée à la gestion du risque opérationnel
qu'à d'autres risques bancaires importants. Si le risque opérationnel
n'est pas bien géré, des erreurs pourraient se glisser dans le profil
de risque ou dans les relevés de l'institution et entraîner des
pertes importantes pour cette dernière.
Les institutions doivent consulter la ligne directrice E-21, Gestion du risque opérationnel et le document du Comité de Bâle intitulé Principles for Sound Management of Operational Risk (seulement en anglais), diffusé en juin 2011; ce document décrit un ensemble de principes de gestion du risque opérationnel.
Risque
de marché
L'institution doit disposer de méthodes lui permettant d'évaluer
et de gérer activement tous les risques de marché importants apparaissant
à tout niveau (position, segment de marché, secteur d'activité ou
ensemble de l'entreprise).
Dans le cas d'une institution plus complexes, l'évaluation interne
de l'adéquation des fonds propres au titre des risques de marché
doit, à tout le moins, reposer sur la valeur à risque (VaR) ou sur
des modèles semblables et des simulations de crise, notamment une
évaluation du risque de concentration et du tarissement de la liquidité
dans des scénarios de turbulence de marché.
Le modèle de VaR de l'institution devrait lui permettre de cerner
et de mesurer les risques résultant de toutes ses activités de négociation,
être intégré à l'évaluation interne globale de ses fonds propres
et faire l'objet d'un processus rigoureux de validation continue.
Les estimations du modèle de VaR doivent être sensibles à l'évolution
du profil de risque du portefeuille de négociation.
Risque de taux d'intérêt dans le portefeuille bancaire
Le PIEAFP doit renfermer toutes les positions importantes de risque
de taux d'intérêt de l'institution et tenir compte de toutes les
données pertinentes de révision et d'échéance des taux. Le système
doit comporter des hypothèses et des techniques bien documentées.
L'institution doit être en mesure d'appuyer ses hypothèses au sujet
des caractéristiques comportementales des dépôts non échus et d'autres
actifs et passifs, plus particulièrement les expositions caractérisées
par des options intégrées. Compte tenu de l'incertitude de ces hypothèses,
il conviendrait de recourir à des simulations de crise et à des
analyses de scénario dans le cadre de l'analyse des risques de taux
d'intérêt.
De façon générale, une plus grande incertitude au chapitre de
la modélisation et de la complexité des activités devrait entraîner
une augmentation des réserves de fonds propres.
Pour plus de précisions au sujet de la mesure du risque de taux
d'intérêt, les institutions sont invitées à consulter la ligne directrice
B-12, Gestion du risque de taux d'intérêt et le document d'appui du Comité de Bâle intitulé Principles
for the Management and Supervision of Interest Rate Risk.
Risque
de liquidité
La liquidité est cruciale pour la viabilité d'une organisation
bancaire. La situation financière peut influer sur sa capacité d'obtenir
des liquidités, plus particulièrement en période de crise. Quoique
l'on ne s'attende pas que l'institution capitalise séparément son
risque de liquidité, les simulations de crise aux fins de planification
des fonds propres cibles et la gestion du risque de liquidité devraient
être complémentaires. Les institutions doivent se reporter à la
ligne directrice B-6 du BSIF, Principes de Liquidités et au document d'appui du Comité de Bâle intitulé Principes de saine gestion et de surveillance du risque de liquidité.
Autres
risques
Même si les risques tels que le risque stratégique et le risque d'atteinte
à la réputation sont difficilement mesurables, on s'attend que l'institution
élabore des techniques de gestion de toutes les facettes de ces
risques. Le risque d'atteinte à la réputation est un enjeu clé pour
un secteur qui dépend de la confiance des consommateurs, des créanciers
et du marché en général. Par exemple, lorsque l'institution joue
le rôle de conseiller, structure des opérations financières ou y
prend part de façon active, elle peut assumer un risque d'assurance,
de marché ou de crédit, ou un risque opérationnel. Le risque d'atteinte
à la réputation se manifeste souvent en raison des lacunes au chapitre
de la gestion d'autres risques, qu'ils soient associés à la participation
directe ou indirecte à la vente ou au lancement d'opérations financières
complexes ou d'activités opérationnelles relativement courantes.
Le risque d'atteinte à la réputation peut entraîner un soutien
implicite, qui donne lieu au risque de crédit, au risque de liquidité
et au risque de marché, de même qu'au risque juridique – qui ont
tous un impact négatif sur les revenus de l'institution, ses liquidités
et sa situation financière. L'institution doit cerner les sources
éventuelles de risque d'atteinte à la réputation auxquelles elle
s'expose, notamment ses secteurs d'activités, son passif, les activités
de ses sociétés affiliées, les mécanismes hors bilan et les marchés
sur lesquels elle est active. Les risques assumés doivent être intégrés
au processus de gestion des risques de l'institution et être convenablement
traités dans le PIEAFP et dans les plans d'urgence concernant les
liquidités.
Pour plus de précisions sur le risque d'atteinte à la réputation,
les institutions doivent se reporter à l'avis du BSIF qui traite
de la question : Examen des pratiques de gestion du risque d'atteinte à la réputation - Principes, observations et prochaines étapes.
IV.
Simulations de crise
Une simulation de crise est une technique de gestion des risques
qui sert à évaluer les effets éventuels d'un ensemble de changements
précis au titre des facteurs de risque, qui correspondent à des
événements exceptionnels, mais plausibles , sur la situation
financière de l'institution. Le processus de planification des fonds
propres devrait comprendre une simulation de crise rigoureuse et
prospective qui détecte les événements possibles ou l'évolution
de la situation du marché qui pourrait affecter l'institution. Le
PIEAFP doit prévoir l'évolution des ressources en capital dans l'avenir
et des exigences de fonds propres à la lumière de scénarios divers.
Les résultats des simulations de crise prospectives doivent être
envisagés dans le cadre de l'évaluation de la suffisance des fonds
propres.
Pour plus de précisions au sujet des attentes relatives aux simulations
de crise, les institutions doivent consulter la ligne directrice
E-18, La simulation de crise.
V.
Surveillance et notification
L'institution doit mettre en place un système adéquat de surveillance et de notification des expositions au risque et d'évaluation permettant de déterminer de quelle façon l'évolution de son profil de risque influe sur les besoins de fonds propres. La haute direction doit recevoir périodiquement des rapports sur le profil de risque et les besoins de fonds propres. Ces rapports doivent lui permettre :
- d'évaluer le niveau et la tendance des risques importants et
leur effet sur les niveaux de fonds propres;
- d'évaluer la sensibilité et le caractère raisonnable des hypothèses
utilisées par le système de mesure de l'évaluation;
- de déterminer si l'institution dispose de fonds propres suffisants
par rapport aux divers risques et si elle se conforme aux objectifs
d'adéquation des fonds propres;
- d'évaluer les exigences futures de fonds propres d'après le
profil de risque déclaré de l'institution et d'effectuer en conséquence
les rajustements nécessaires au plan stratégique de l'institution.
VI.
Examen du contrôle interne
La structure de contrôle interne de l'institution est essentielle pour le processus d'évaluation des fonds propres. Le contrôle efficace du processus d'évaluation des fonds propres comprend un examen indépendant et, au besoin, l'application d'audits internes et externes. Il incombe à la haute direction de veiller à ce que l'institution établisse un système d'évaluation des divers risques, élabore un système qui relie le risque au niveau de fonds propres, et mette au point une méthode de surveillance de la conformité aux politiques internes.
L'institution doit examiner périodiquement son processus de gestion
des risques pour en assurer l'intégrité, l'exactitude et le caractère
raisonnable. Les éléments à vérifier comprennent :
- la pertinence du processus d'évaluation des fonds propres,
compte tenu de la nature, de la portée et de la complexité des
activités de l'institution
- la détermination des expositions importantes et de la concentration
des risques
- l'exactitude et l'exhaustivité des données utilisées par le
processus d'évaluation
- le caractère raisonnable et la validité des scénarios utilisés
dans le processus d'évaluation
- les simulations de crise et l'analyse des hypothèses et des
données.
Interaction
entre le PIEAFP et l'examen de surveillance
Le BSIF évalue la suffisance des fonds propres à deux niveaux.
L'institution doit disposer de fonds propres suffisants pour satisfaire
aux exigences réglementaires (capital réglementaire) et pour contrebalancer
son profil de risque (c'est-à-dire ses risques inhérents et le Risque net global (RNG) déterminé dans le Cadre de surveillance du BSIF.
Le processus d'évaluation des risques du BSIF s'amorce par une
évaluation du risque inhérent à l'intérieur de chaque activité importante
de l'institution financière. Le BSIF examine ensuite la qualité
de la gestion des risques appliquée pour atténuer ces risques. À
partir de ces données, il évalue le niveau de risque net des activités
importantes et l'orientation (en régression, stable ou en progression)
du risque net. Puis, compte tenu de l'importance relative de chacune
des activités importantes de la société, le BSIF établit une cote
de risque net global et fournit ses directives.
Le BSIF établit ensuite une cote de risque composite (et des directives)
à l'intention de l'institution financière, en tenant compte de son
évaluation du risque net global (qui englobe une évaluation de la
suffisance des processus de gestion des risques) et de facteurs
financiers tels les fonds propres et les revenus. Les cotes suivantes
peuvent être attribuées aux fonds propres : « de qualité supérieure
», « acceptable », « à améliorer » ou « inférieure ».
L'exhaustivité et la fréquence de l'examen du PIEAFP sont proportionnels à la nature, à la portée et à la complexité de ses activités et
des risques relatifs aux objectifs de surveillance du BSIF en ce
qui touche la sûreté et la stabilité de l'institution.
Le dialogue entre, d'une part, l'évaluation du risque inhérent
par le BSIF et le RNG et, d'autre part, le PIEAFP, englobe les quatre
éléments suivants :
- Élément 1 : Le niveau de prudence des estimations internes
des risques saisis dans la ligne directrice sur les
NFP (risque de crédit, risque de marché et risque opérationnel)
- Élément 2 : Les risques importants qui ne sont pas saisis intégralement
par les lignes directrices A et A-1 sur les NFP (par exemple,
le risque de concentration, le niveau de prudence des estimations
utilisées par l'institution approuvées au titre des approches
avancées
- Élément 3 : Les risques importants qui ne sont pas couverts
par les NFP (par exemple, le risque de taux d'intérêt dans le
portefeuille bancaire, le risque d'atteinte à la réputation, le
risque stratégique). En vertu du risque de crédit, l'élément 3
comprendrait une sous-estimation du risque de crédit en vertu
des approches standardisées et des lacunes au chapitre de l'atténuation
du risque de crédit.
- Élément 4 : Des facteurs externes, non pris en compte aux éléments
précédents, notamment les simulations de crise au titre des approches
de notation interne (NI) avancées, l'impact des cycles économiques,
et d'autres risques et facteurs externes.
Le BSIF s'attend à ce que l'évaluation des fonds propres ne devienne
pas un processus de majorations fondées sur une formule. L'application
d'un jugement expert demeurera nécessaire pour évaluer et quantifier
le risque, et pour en intégrer les résultats à l'évaluation globale
des fonds propres. Au départ, cette évaluation comprendra vraisemblablement
des mesures des valeurs aberrantes liées aux concentrations de risques
et des valeurs aberrantes pour le risque de taux d'intérêt dans
le portefeuille bancaire.
Lorsque les critères de notation des fonds propres auront été
mis au point et que l'on aura acquis de l'expérience à la suite
d'une période d'application raisonnable, l'évaluation des fonds
propres internes cibles pourrait indiquer si la cible établie pour
l'ensemble du secteur est assez prudente pour une institution donnée.
Dans la négative, le BSIF amorcerait des échanges avec l'institution
en question dans le but de déterminer un niveau de fonds propres
plus convenable à l'intérieur du cadre des fonds propres cibles.
- FIN -