Maintenir la résilience du système financier au Canada malgré l’incertitude et l’instabilité

Déclaration -

Le système financier mondial a connu plusieurs épisodes de forte volatilité depuis le début du siècle, notamment la récession du début des années 2000, la crise financière mondiale de 2008-2009, et l’arrivée de la pandémie de COVID-19. Au Canada, notre système financier a très bien résisté à ces bourrasques d’instabilité. Cependant, nous devons avoir l’œil sur l’horizon en anticipant des périodes de volatilité plus fréquentes, semblables à celles des vingt dernières années, et en nous préparant à cette éventualité.

En fait, le BSIF se trouve maintenant dans un contexte de risque qui a fondamentalement changé. Les risques auxquels nous faisons face maintenant sont beaucoup plus volatils, complexes, interreliés et existentiels que jamais; ils remettent en question nos hypothèses au sujet de la portée d’une surveillance prudentielle rigoureuse et des capacités requises au BSIF pour que ce dernier puisse s’acquitter de ses obligations envers les Canadiens.

Vous vous demandez donc sûrement comment le BSIF réagit aux changements que présente ce contexte de risque?

  1. Nous opérons notre transformation : Afin de s’acquitter de son mandat avec succès dans le contexte de risque actuel, le BSIF se transformera, sans toutefois se réformer. En décembre 2021, nous avons publié sur notre site Web le Plan directeur de la transformation du BSIF, qui décrit non seulement l’impératif stratégique de notre changement, mais aussi les objectifs que nous poursuivrons. Trois éléments fondamentaux sont au centre de notre transformation :

    • Mandat – Exécuter notre mandat différemment en mettant davantage l’accent sur l’objectif d’accroître la confiance du public envers le système financier;
    • Propension à prendre des risques – Étendre et renforcer les capacités de gestion du risque et la propension à prendre des risques pour appuyer la gestion stratégique et opérationnelle;
    • Culture – Ancrer les valeurs organisationnelles dans notre culture afin que les employés puissent s’épanouir malgré un contexte opérationnel empreint d’une grande incertitude.

    Fondamentalement, au BSIF, nous avons reconnu et adopté les mêmes conseils que nous donnons souvent à nos entités réglementées – ces mentalités en matière de gestion du risque qui ont permis de réussir dans le passé sont nécessaires, mais pas suffisantes pour assurer la réussite dans l’avenir. Notre état d’esprit doit évoluer à mesure que notre contexte de risque se transforme. Cela signifie que nous devrons innover et adopter de nouvelles pratiques de surveillance pour veiller à ce que le BSIF agisse rapidement afin de contribuer à la confiance du public dans le système financier canadien, et nous devons aussi innover et adopter de nouvelles politiques réglementaires pour nous adapter à notre nouveau contexte de risque.

  2. Nous gérons des risques émergents comme le risque climatique et le risque lié à la numérisation : Nous renforçons maintenant notre capacité de comprendre et d’évaluer l’incidence des risques climatiques sur le système financier canadien. En partenariat avec la Banque du Canada, nous avons récemment publié notre Rapport final du projet pilote d’analyse de scénarios climatiques; nous disposons maintenant de renseignements de base sur nos lacunes en matière de données et nous avons cerné des méthodes pour approfondir notre compréhension des risques liés à la transition climatique par rapport aux portefeuilles économiques. Fait encore plus important, nous avons approfondi notre compréhension de la responsabilité du BSIF d’aider les institutions financières à gérer le risque de transition ou les risques associés à la transformation des économies pour réduire la dépendance aux sources d’énergie émettrices de gaz à effet de serre.

    Je m’explique. Collectivement, les nations du monde choisiront une voie vers la carboneutralité d’ici 2050. La communauté internationale pourrait choisir de commencer dès maintenant et suivre un parcours étalé sur 30 ans. Elle pourrait aussi commencer dans les années 2030 et emprunter une voie plus risquée et accélérée vers la carboneutralité d’ici 2050. Bien qu’une transition à plus long terme soit préférable pour le Canada et notre système financier, une transition à plus court terme amorcée dans les années 2030 est plausible mais entraînerait un risque accru de volatilité financière. Par conséquent, le BSIF doit préparer son système financier dans les années 2020 en vue d’une transition plus courte et plus volatile dans les années 2030. Nous prendrons donc des mesures au cours de cette décennie pour favoriser une gestion mature du risque climatique et assurer une accumulation appropriée de fonds propres pour maintenir la résilience du système financier dans les années 2030.

    La numérisation des services financiers touchera tous les modèles d’affaires et en menacera certains. Nous commençons à examiner notre « périmètre réglementaire » et à déterminer la meilleure façon d’élaborer une approche stratégique pour faire face à l’émergence d’innovateurs, dont bon nombre ne sont pas encore entièrement intégrés dans le système financier réglementé. Nous devons admettre que, pour ces nouveaux joueurs, il n’est pas facile de percer notre système dans sa version actuelle. Nous exigeons des normes rigoureuses de gouvernance et de fonds propres, une attente qui découle de notre préoccupation à l’égard de la résilience du système financier.

    Nous ne modifierons pas ces exigences ni aucun autre des principes qui sous-tendent l’excellent bilan du Canada quant à la résilience de son système financier. Nous avons toutefois l’occasion de favoriser davantage d’innovation de la part des nouveaux arrivants.

    Notre « plein Nord » en vue de maintenir la résilience systémique alors que les services financiers se numérisent consiste à faire en sorte que la population canadienne profite des innovations dans le secteur financier produites par les participants en place et par les nouveaux joueurs. Le BSIF cherchera à éviter l’émergence d’un système à deux niveaux, où certains participants seraient strictement réglementés et surveillés alors que d’autres ne le seraient que légèrement.

    Tout comme d’autres organismes de réglementation financière, nous observons la montée continue des cryptomonnaies ainsi que l’écosystème plus vaste des finances décentralisées. Tout cela s’inscrit dans le contexte révolutionnaire des tendances du système bancaire ouvert et de l’utilisation croissante de l’interface de programmation d’applications (API), qui peuvent faciliter des changements majeurs dans les services financiers de détail.

  3. Nous ne perdons pas de vue les risques connus : Le BSIF a toujours été dans le domaine de la gestion du risque, et nous continuerons de gérer les risques existants, comme le logement. Comme j’en ai parlé récemment en comparution devant un comité parlementaire, depuis le début de la crise financière mondiale, nous axons notre travail sur les risques qui menacent le financement de l’habitation. Durant cette période, de concert avec nos vis-à-vis fédéraux, nous avons donc pris différentes mesures réglementaires (soit plus de 25 mesures tangibles, selon mes calculs) qui visaient invariablement à rendre le système plus rigoureux.

    Notre objectif en ce qui concerne nos activités sur le marché du logement consiste à prévoir les risques du système de financement de l’habitation au-delà de l’horizon et à nous adapter rapidement. Pour ce faire, nous veillons à ce que le système financier canadien bénéficie de mesures de protection suffisantes pour composer avec l’incertitude et la volatilité qui sont indissociables de marchés comme celui du logement. En 2018 par exemple, nous avons instauré un taux admissible minimal (TAM) pour les prêts hypothécaires non assurés en vertu de la ligne directrice B‑20 (Pratiques et procédures de souscription de prêts hypothécaires résidentiels). Depuis, le TAM a fait l’objet de plusieurs modifications, dont la plus récente en juin 2021. À tout le moins, la plupart des débiteurs hypothécaires canadiens doivent aujourd’hui être admissibles à des prêts hypothécaires au taux de 5,25 %, ce qui est nettement supérieur aux taux contractuels en vigueur pour les prêts de ce type. Cela signifie que ces débiteurs hypothécaires disposent d’un coussin qui renforcera leur résilience financière face à des événements imprévus comme une perte d’emploi ou une correction des prix de l’immobilier.

À mesure que l’année 2022 progressera, je suis certain que la volatilité que nous avons observée au cours des deux dernières années, ou même des vingt dernières années, se reproduira. Pour s’acquitter de son mandat, le BSIF doit donc être agile et s’adapter rapidement à cette nouvelle réalité. Notre transformation vise à nous assurer que notre organisation a la capacité et les outils nécessaires pour réussir dans la « nouvelle normalité » et à faire en sorte que la confiance du public à l’égard de notre système financier demeure inébranlable.

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