Allocution de Stewart McIlwraith Directeur principal Secteur de la surveillance des sociétés d'assurance Bureau du surintendant des institutions financières
Le 9 juin 2021
Bonjour et bienvenue à la webémission du BSIF sur la gestion du risque à l’intention des sociétés d’assurance vie.
Je m’appelle Stewart McIlwraith et je suis directeur principal du Groupe de l’assurance vie du BSIF. J’ai aujourd’hui le plaisir d’être votre hôte virtuel.
J’aimerais maintenant aborder les principaux domaines sur lesquels le BSIF se concentrera au cours des prochains mois. Par suite des consultations qui ont été menées et des efforts de surveillance qui ont été déployés, vous pouvez vous attendre à discuter des sujets suivants avec nous, et probablement aussi au sein de vos propres sociétés.
Ces principaux sujets sont les suivants :
- Mise en œuvre de l’IFRS 17;
- Modifications apportées au TSAV en fonction de l’IFRS 17;
- Risques prudentiels liés aux changements climatiques;
- Évolution du risque lié aux technologies.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il y a lieu de commencer la discussion en analysant la situation dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui.
L’année a été difficile pour beaucoup de gens à la maison et au travail, surtout que la ligne de démarcation entre les deux s’est estompée au fil de la pandémie. Avec le passage rapide en mode télétravail, il a fallu mettre en place de nouveaux outils, de nouveaux processus et une nouvelle gouvernance, ce qui a imposé un stress et de nouvelles exigences aux gens et aux institutions.
Les mesures exceptionnelles de santé publique et l’incertitude des résultats et de la conjoncture économique sont tous des facteurs qui compliquent la prise de décisions. La faiblesse persistante des taux d’intérêt, l’incertitude, la volatilité et l’inégalité du climat des affaires, ainsi que l’exposition croissante au risque non financier, sont les moteurs des mesures prises aujourd’hui, mesures qui auront des répercussions à long terme.
En ce qui concerne les conséquences de la COVID‑19, nous reconnaissons que l’impact financier pour les assureurs d’une mortalité plus élevée a été jusqu’ici gérable pour la population assurée. L’expérience initiale du secteur des rentes a exercé une influence compensatoire sur l’industrie.
Nous attendons tous avec impatience le jour où les vaccins nous aideront à revenir à un contexte opérationnel plus normal. Toutefois, l’ampleur et la gravité des répercussions à long terme sur la santé et la mortalité pour ceux qui ont contracté la COVID‑19 sont incertaines. Les données sont rares et il est encore trop tôt pour dire si les problèmes de santé après avoir contracté le virus auront des répercussions importantes pour les assureurs.
Il est clair que l’économie traverse une période inhabituelle. Dans la foulée des mesures de confinement et de la suspension des activités qui ont entraîné des pertes d’emplois sans précédent, nous constatons maintenant :
- que les marchés boursiers atteignent des sommets inégalés, ou presque;
- que les écarts sur le marché du crédit rétrécissent;
- que le nombre de faillites demeure très bas;
- que la demande de nombreux produits dépasse la capacité des fournisseurs et des chaînes d’approvisionnement à y répondre;
- que l’on s’inquiète de l’inflation et du fait que les employeurs ont de la difficulté à trouver des travailleurs qualifiés, et que certains employeurs offrent des salaires plus élevés pour attirer des candidats.
Il se peut que ces perspectives positives se poursuivent et que les attentes élevées en fait se concrétisent. Toutefois, l’expérience au début de la pandémie a montré à quel point les attentes et les situations peuvent changer rapidement. À titre d’organisme de réglementation prudentielle, nous devons tenir compte des risques graves, mais plausibles, d’un retour à la baisse.
L’incertitude économique demeure plus générale et les répercussions sont très inégales entre les différents groupes d’emploi et secteurs de l’économie. Les perturbations du crédit et du revenu dans les secteurs touchés pourraient avoir des répercussions secondaires susceptibles d’avoir une incidence sur le bilan des assureurs.
Tout au long de la pandémie, les banques centrales ont maintenu les taux d’intérêt à un bas niveau, ce qui a une incidence claire sur les revenus de placement des assureurs. Les assureurs ont été et seront probablement obligés de continuer à gérer le faible niveau des taux d’intérêt pendant encore longtemps. Le BSIF devra évidemment demeurer à l’affût de l’efficacité des mesures prises par chaque institution et de la capacité de l’industrie à maintenir un capital suffisant et à protéger les souscripteurs.
IFRS 17
La transition vers la Norme internationale d’information financière 17 -
Contrats d’assurance (IFRS 17) est l’un des engagements les plus importants pour le BSIF et l’industrie. Nous demeurons déterminés à travailler avec l’industrie et les principaux intervenants pour appuyer une mise en œuvre vigoureuse de l’IFRS 17.
Nos spécialistes qui sont ici aujourd’hui nous fourniront des mises à jour plus détaillées, mais en bref, les rapports d’étape sur la mise en œuvre de l’IFRS 17 et les discussions sur le capital entourant le test de suffisance du capital des sociétés d’assurance vie (TSAV) ont été les premières initiatives à redémarrer après la suspension de l’élaboration des politiques au début de la pandémie. Nous avons mis à jour notre calendrier en
août de l’an dernier et nous avons donné d’autres précisions
en septembre. Nos plans demeurent sur la bonne voie et tiennent compte de la nécessité de laisser aux institutions le temps de s’adapter et de préparer leurs propres systèmes en vue de l’adoption de la norme.
Nous savons que la mise en œuvre de l’IFRS 17 et des calculs actuariels qui y sont associés est une entreprise colossale, surtout pour les sociétés d’assurance vie. Les nouvelles normes créent de nouvelles complexités pour l’industrie. Ce n’est pas un exercice simple. Le BSIF continuera de surveiller les progrès des institutions vers l’adoption de l’IFRS 17 et demandera à l’industrie de présenter des états financiers
pro forma plus tard cette année.
Test de suffisance du capital des sociétés d'assurance vie (TSAV)
Il est impossible de parler de changements comptables pour les assureurs au Canada sans tenir compte des exigences relatives au capital. Nos plans prévoient depuis longtemps d’apporter les ajustements nécessaires à nos lignes directrices sur le capital afin de tenir compte des nouvelles normes tout en nous engageant, dans la mesure du possible, à limiter l’incidence sur le capital à l’échelle du secteur. Nous parlons dans ce cas de « neutralité du capital ».
Il y aura une autre séance ce matin pour discuter plus en détail de notre plan visant à publier une ébauche de lignes directrices sur les critères de suffisance du capital. Nous pourrons ainsi poursuivre la discussion sur la recherche du juste équilibre, et nous prévoyons mener d’autres consultations sur les ébauches au cours de l’été avant de mettre la touche finale à nos attentes.
Afin de déterminer avec plus d’exactitude si un calibrage final, une mise en œuvre progressive ou des ajustements transitoires sont nécessaires, nous lançons également une étude d’impact quantitative (EIQ) axée sur l’industrie. Nous avons hâte de recevoir des commentaires de grande qualité dans le cadre de cette EIQ. Il est important que le BSIF et l’industrie disposent de renseignements fiables pour trouver le juste équilibre avec le test de suffisance du capital, ce qui nous aidera à atteindre notre objectif d’instaurer une mesure valable et gérable pour l’industrie.
Parlant de capital, l’un des autres dossiers à régler pour les assureurs canadiens actifs à l’échelle internationale concerne les travaux d’élaboration d’une norme de capital en assurance (NCA) de portée internationale. Nous sommes en faveur d’une telle norme pour les assureurs; toutefois, dans sa forme actuelle, nous ne croyons pas qu’elle soit adaptée au marché canadien et elle pourrait, à notre avis, désavantager les assureurs qui exercent des activités à plus long terme.
Je tiens à souligner que, dans le cadre de notre collaboration avec l’Association internationale des contrôleurs d’assurance (AICA) et d’autres organismes en vue de trouver une solution qui fonctionne au Canada, nous étudions également des solutions de rechange qui pourraient mieux convenir ici. Par exemple, la méthode d’agrégation préconisée par les États-Unis pourrait être une option envisageable pour nous.
Le BSIF est actif au sein d’organisations internationales de normalisation de l’assurance et c’est l’un des aspects dont nous discutons notamment avec l’AICA pour aider à établir les pratiques exemplaires et les attentes internationales, mais en mettant l’accent sur ce qui fonctionne au Canada.
Climat
J’aimerais remercier les institutions et autres instances qui ont contribué plus tôt cette année à notre document de travail sur le risque climatique.
Nous avons reçu plus de 70 mémoires qui nous aideront à orienter nos efforts prudentiels au pays et à éclairer nos contributions au Sustainable Insurance Forum (SIF) et à d’autres travaux internationaux.
Même si l’on continue de débattre des définitions des actifs verts par rapport aux actifs carbonés, et de la divulgation des risques qui y sont associés, le BSIF continue de bien faire ses devoirs dans le contexte canadien et mondial. Nous considérons qu’il s’agit d’un élément essentiel de l’établissement de bonnes attentes prudentielles qui auront un effet positif à long terme sur la résilience des institutions.
Nous continuons d’analyser les commentaires et prévoyons publier les principales constatations en septembre. Même si nous n’en sommes encore qu’au début du processus, nous avons relevé quelques thèmes émergents qui sont ressortis de la consultation, notamment :
- Les répondants appuient l’accent mis par le BSIF sur le risque climatique.
- La quantification des répercussions du risque climatique demeure un sujet d’intérêt pour beaucoup.
- Ceux qui ont fait des commentaires ont indiqué qu’il est important de tenir compte de l’évolution de la situation internationale, ainsi que du contexte canadien, lorsque l’on se penche sur le risque climatique.
Ces thèmes ne sont pas surprenants, mais le contenu et la qualité des mémoires ont démontré un désir d’action et d’une plus grande clarté sur la mise en œuvre des mesures de lutte contre les changements climatiques et l’amélioration de l’évaluation et de la transparence entourant ces mesures.
Risque lié aux technologies et à la numérisation et cyberrisque
La technologie a permis à de nombreuses entreprises de poursuivre leurs activités en dépit des perturbations causées par la pandémie. De façon plus générale, grâce à la technologie et à la numérisation, de nouveaux processus et de nouveaux outils de collecte d’information et d’analyse plus efficaces ont été mis en place.
Toutefois, cet environnement s’accompagne d’une exposition accrue aux cybermenaces, aux pannes de système et aux atteintes à la vie privée. La combinaison de cet environnement avec des systèmes anciens et désuets peut accroître davantage les vulnérabilités. Ces risques peuvent rapidement nuire à la confiance placée dans une institution et peut-être à ses résultats financiers.
Le recours à des tiers dans bien des aspects des activités d’une société d’assurance a atteint des niveaux importants. Ces arrangements sont nombreux et diversifiés, ce qui accroît la complexité opérationnelle, et ils peuvent venir compliquer davantage le traitement des interruptions de service et des menaces possibles. Par conséquent, la protection de cet environnement opérationnel est de plus en plus prioritaire pour les institutions et pour le BSIF.
Les médias continuent de faire état d’un flot constant de cyberattaques et d’atteintes à la vie privée. De plus en plus, ces attaques proviennent d’exploitants avisés, souvent animés de motifs divers.
L’évolution de la technologie, avec ses capacités toujours croissantes, apporte certes de nombreux avantages, mais elle s’accompagne aussi de risques connexes, ce qui a incité le BSIF à publier en septembre 2020 un document de travail sur le risque lié aux technologies.
Nous cherchons à moderniser notre approche en matière de réglementation et de surveillance pour nous attaquer à ce problème complexe en évolution constante. Nous avons publié en
mai un résumé des commentaires reçus ainsi que notre plan en vue d’élaborer et de peaufiner des consignes sur le risque lié aux technologies et le cyberrisque, le risque lié aux tiers, la résilience et le risque opérationnels, et le risque de modélisation.
Comme dans toute industrie, la liste des problèmes à gérer est longue. L’ordre du jour recense les problèmes les plus prioritaires, et ceux sur lesquels le BSIF porte ses efforts, pour l’industrie de l’assurance vie.
J’ai participé à un grand nombre de séances comme celle qui vous est offerte aujourd’hui. Pour chacune de ces séances, nous avons recruté des spécialistes qui vous aideront à comprendre où le BSIF concentre son attention et les prochaines étapes de son plan d’action. J’espère que l’information qu’ils vous communiqueront vous sera utile.
Je vous remercie.