Propriétés du document
1. Introduction
La présente note d’orientation vise à fournir au gestionnaire des relations (GR) l’information nécessaire à l’évaluation des risques. Les grandes lignes de ce processus sont exposées dans le Cadre d’évaluation des risques visant les régimes de retraite privés fédéraux.
Pour évaluer les risques auxquels est exposé un régime de retraite, il faut d’abord acquérir une solide connaissance du régime, ce qui passe par une bonne compréhension des activités d’envergure qu’exerce le régime comme, par exemple, la gestion des éléments d’actif.
La présente note d’orientation définit les concepts clés qui permettent d’évaluer les risques inhérents à l’activité d’envergure Gestion des éléments d’actif, la qualité de la gestion de ces risques et le processus de détermination du risque net.
2. Mesures propres à l’activité d’envergure Gestion des éléments d’actif
L’activité d’envergure Gestion des éléments d’actif est axée sur la gestion du fonds du régime. Ceci comprend l’élaboration d’une stratégie de placement, notamment l’établissement pour certains régimes d’un énoncé des politiques et des procédures de placement (EPPP), ainsi que la gestion de l’actif et du passif, les décisions en matière de placement, la conformité réglementaire aux règles de placement, et les activités de contrôle et de reddition de comptes, y compris la préparation de rapports financiers spéciaux et de rapports sur la gestion des risques.
Les activités suivantes, entre autres, relèvent de l’activité d’envergure Gestion des éléments d’actif :
Élaboration d’une stratégie de placement : L’un des éléments clés de la gestion des éléments d’actif consiste à mettre en œuvre une stratégie de placement appropriée. Cela comprend la définition du rôle, le cas échéant, des gestionnaires et des conseillers indépendants en matière de placement auxquels on peut avoir recours pour élaborer la stratégie de placement et assurer la gestion des placements.
La gestion des éléments d’actif comprend aussi l’élaboration d’un EPPP approprié, l’examen annuel, au minimum, de cet EPPP et sa révision, le cas échéant. Elle comporte en outre la définition d’une composition cible de l’actif appropriée, d’attentes en matière de taux de rendement, de restrictions appropriées en matière de placement et d’un niveau pertinent de diversification, compte tenu des obligations du régime de retraite (gestion de l’actif et du passif) et de la tolérance au risque des parties concernées.
Dans le cas des régimes assortis de dispositions à prestations déterminées, l’activité d’envergure Gestion des éléments d’actif, notamment l’élaboration de la stratégie de placement, comprennent aussi les ententes de capitalisation, y compris l’élaboration d’une politique formelle en matière de capitalisation. Une telle politique devrait définir la mesure dans laquelle l’employeur est prêt à accepter une certaine variation de la capitalisation d’une année à l’autre en raison de la fluctuation du rendement des placements, et de sa volonté à injecter des capitaux au‑delà des exigences minimales afin de constituer une provision pour les périodes où le rendement des placements est moins élevé (il peut s’agir, p. ex. d’une politique sur les exonérations de cotisations). Les politiques en matière de capitalisation pourraient avoir une incidence sur la stratégie de placement des fonds du régime de retraite.
Dans le cas des régimes assortis de comptes de capitalisation, les participants assument le risque qu’un mauvais rendement des placements ait des répercussions défavorables sur leurs prestations à la retraite. L’administrateur doit donc notamment décider d’offrir ou non des options de placement aux participants; s’il choisit de le faire, il doit aussi :
- décider du nombre d’options de placement à offrir;
- déterminer de la façon de placer les fonds si les participants ne retiennent aucune option;
- définir toute restriction associée aux changements d’option (p. ex., fréquence, montants minimaux);
- pour chaque option, divulguer les frais, la diversification, les liquidités et le niveau de risque;
- divulguer toute autre information requise.
S’il s’agit d’un régime assorti de comptes de capitalisation, il faut déterminer s’il convient de conclure une entente avec un fournisseur de services qui sera chargé de conseiller les participants. Si un régime n’offre pas d’options de placement aux participants, il faut tout de même déterminer si le portefeuille de placements convient à chacun des participants.
L’administrateur d’un régime visé par la Loi sur les régimes de pension agréés collectifs (LRPAC)doit décider si les participants se verront offir des choix de placement. Le cas échéant, le Règlement sur les régimes de pension agréés collectifs (RRPAC)précise que l’option de placement applicable par défaut doit prévoir un fonds équilibré ou un portefeuille de placement tenant compte de l’âge du participant. Lorsque les participants ne se voient offrir aucun choix, l’administrateur doit placer les fonds détenus dans les comptes des participants et adopter, à cette fin, la pratique d’une personne prudente gérant un portefeuille de placements approprié en matière d’épargne-retraite.
Décisions en matière de placement : En ce qui concerne la sélection effective des placements, l’administrateur a généralement recours aux services d’un gestionnaire de placements qui choisira des investissements appropriés en fonction de l’EPPP du régime. Le gestionnaire de placements peut être le dépositaire, ou un autre fournisseur de services indépendant. Des conseillers en placements peuvent aussi être embauchés pour prodiguer des conseils. Par ailleurs, les décisions en matière de placement peuvent aussi être prises à l’interne.
Contrôle et reddition de comptes : L’activité d’envergure Gestion des éléments d’actif comprend la surveillance, la reddition de comptes, la tenue de dossiers et l’évaluation des politiques de placement et du rendement des investissements. Elle comprend aussi la gestion des relations avec des tiers fournisseurs de services, par exemple le dépositaire, les conseillers en placements et les gestionnaires de placements. Elle inclue en outre la préparation de l’information financière exigible et sa présentation au BSIF.
Conformité aux règles de placement : La législation et la réglementation fédérales en matière de régimes de retraite définissent des règles concernant l’investissement des éléments d’actif des régimes. Ainsi, la législation exige que les administrateurs des régimes, lorsqu’ils investissent les actifs des fonds de retraite, adoptent l’approche de « gestion prudente de portefeuille » qu’une personne raisonnable et prudente appliquerait au portefeuille de placements d’un fonds de retraite. De plus, les investissements doivent respecter certaines règles quantitatives. Il y a aussi des exigences relatives à la tenue des dossiers et à la reddition de comptes. Pour s’assurer que les règles en matière de placement sont respectées, il faut établir des politiques et des procédures appropriées, qui traitent de l’élaboration d’une stratégie de placement, de la façon de faire des investissements et des activités de contrôle.
Disponibilité des fonds pour le paiement des prestations : L’activité d’envergure Gestion des éléments d’actif comprend aussi l’assurance que des fonds sont facilement accessibles pour satisfaire aux obligations dont l’échéance est proche (p. ex. paiement des prestations). Pour ce faire, les responsables du régime doivent déterminer leurs besoins en liquidités en tenant compte des caractéristiques démographiques des participants, et détenir une partie appropriée des fonds dans des actifs relativement liquides.
3. Risques inhérents
Les risques inhérents correspondent aux risques intrinsèques du régime de retraite découlant de l’exposition et de l’incertitude liées à des événements futurs éventuels. Ils sont évalués en fonction de leur degré de probabilité et de l’importance des éventuelles répercussions défavorables qu’ils pourraient avoir sur la capacité du régime à verser les prestations promises ou à satisfaire aux exigences minimales en matière de capitalisation. Les risques inhérents à chaque activité d’envergure sont cotés selon l’échelle suivante : faible, modéré, supérieur à la moyenne ou élevé.
Les risques inhérents à l’activité d’envergure Gestion des éléments d’actif se déclient comme suit : risque de placement, risque opérationnel, risque juridique et réglementaire et risque stratégique.
3.1 Risque de placement
Le risque de placement constitue généralement l’un des principaux risques inhérents à l’activité d’envergure Gestion des éléments d’actif, celle-ci visant principalement les placements. Ce risque se rapporte à la probabilité d’un rendement défavorable imprévu des investissements dans lesquels ont été placés les fonds du régime de retraite. Il comprend le risque de marché, le risque de crédit et le risque de liquidité.
Le risque de marché est une composante importante du risque de placement. Il correspond au risque que la valeur d’un placement diminue à cause de changements dans les facteurs du marché. Les facteurs de risque du marché comprennent ce qui suit :
- Risque sur actions : risque que les prix des actions changent;
- Risque de taux d’intérêt : risque que les taux d’intérêt changent;
- Risque de change : risque que les taux de change fluctuent;
- Risque sur produits de base : risque que les prix des produits de base changent;
- Risque associé à un indice boursier : risque que les prix des actions associées à un indice boursier changent.
- Le risque de crédit se rapporte au risque qu’une contrepartie d’un actif détenu par le régime ne paie pas le montant dû selon les modalités de l’entente initiale, et qu’il manque éventuellement à ses obligations.
Le risque de liquidité désigne le risque que le régime ne soit pas en mesure d’obtenir les fonds nécessaires pour s’acquitter de ses obligations en matière de paiement des prestations de retraite le moment venu sans encourir de pertes inacceptables.
Dans le cas des régimes assortis de dispositions à prestations déterminées, le principal risque est que le mauvais rendement des investissements crée un déficit de l’actif du régime par rapport au passif, ce qui a des répercussions sur les exigences en matière de capitalisation du régime et sur sa capacité à verser les prestations promises. Ce risque ne se rapporte pas seulement au rendement absolu des placements, mais aussi au rendement des placements par rapport au passif du régime (c.‑à‑d., qu’il ne concerne pas seulement la volatilité de la valeur des éléments d’actif, mais la volatilité des éléments d’actif par rapport aux éléments de passif). C’est pourquoi les politiques et les ententes du régime en matière de capitalisation, ainsi que sa tolérance à l’égard de la volatilité de ses capitaux, influent sur le niveau du risque de placement inhérent acceptable, tout comme le profil démographique des participants.
Dans le cas des régimes assortis de comptes de capitalisation, le risque principal est que le mauvais rendement des placements réduise le montant prévu des prestations payées aux participants.
Évaluation du risque de placement
Les éléments suivants doivent être pris en compte dans l’évaluation du risque de placement :
Portefeuille de placements : Conformément aux catégories d’indicateurs de risque, la répartition des éléments d’actif dans le portefeuille de placement influe sur le niveau du risque de placement. Un régime qui investit beaucoup sur certains marchés, par exemple dans des actions, s’expose à un risque de placement élevé.
La composition du portefeuille de placements détermine le niveau des risques inhérents liés au crédit, au marché et à la liquidité. Un portefeuille composé en bonne partie d’obligations peut se voir attribuer un niveau de risque de crédit élevé, mais un niveau de risque de marché faible. Le niveau du risque de crédit dépend aussi du type et de la qualité des obligations détenues dans le portefeuille. Si le portefeuille comporte beaucoup d’obligations de qualité moindre, le niveau de risque de crédit est plus élevé. Un portefeuille comportant une forte proportion d’actions peut présenter un niveau de risque de marché plus élevé. Un portefeuille renfermant un grand nombre de placements étrangers présente également un niveau plus élevé de risque de change, qui peut être touché par les situations politiques; l’origine de ces placements devrait donc être prise en considération. Le risque de liquidité peut être élevé si le portefeuille contient beaucoup de placements relativement peu liquides, par exemple des placements immobiliers ou du capital‑investissement. Le recours à des instruments dérivés, qui peuvent atténuer ou augmenter l’exposition du régime à différents types de risque, doit également être pris en considération, étant donné que le recours à des instruments dérivés pour compenser un risque peut ajouter un nouveau risque au régime. De la même façon, le recours à d’autres genres d’instruments innovateurs doit être soigneusement analysé.
Non‑concordance des horizons des éléments d’actif et de passif : Le processus d’immunisation désigne une stratégie de gestion des placements qui permet de s’assurer que des espèces sont disponibles au moment où le régime doit s’acquitter de ses obligations. La mise en œuvre d’une telle stratégie à l’égard d’un régime assorti de dispositions à prestations déterminées atténue le risque de placement. Si aucune stratégie d’immunisation n’est mise en œuvre, le régime pourrait présenter un risque de réinvestissement et un risque de liquidité accrus.
Transactions d’emprunt ou de levier : Les responsables des régimes de retraite peuvent choisir d’avoir recours à des emprunts pour améliorer le rendement de leurs investissements ou pour disposer de liquidités. Lorsqu’un régime affiche un passif important lié à des placements, il présente généralement un niveau de risque de placement inhérent supérieur.
Rendement des placements : Un écart important par rapport au taux de rendement de référence (p. ex., écart positif ou négatif de plus de 5 %) peut être l’indice d’un risque de placement supérieur. Par exemple, des taux de rendement toujours inférieurs aux taux de référence peuvent indiquer une déficience de la supervision ou l’échec de la stratégie de placement. Cependant, des taux de rendement des investissements supérieurs ou très éloignés des taux de référence peuvent indiquer une stratégie de placement plus risquée (et vraisemblablement inappropriée), et donc un niveau de risque de placement plus élevé.
3.2 Risque opérationnel
Il s’agit du risque associé à l’insuffisance des mécanismes de contrôle et des processus internes, aux défaillances technologiques, aux erreurs humaines, à la fraude et aux catastrophes naturelles. Le principal risque opérationnel associé à l’activité d’envergure Gestion des éléments d’actif tient à la possibilité que les mécanismes de contrôle et de supervision soient insuffisants et entraînent une mauvaise tenue des dossiers et une surveillance déficiente du rendement des investissements. En outre, la compétence des administrateurs de régime pour ce qui est de comprendre les activités de gestion des actifs du régime pourrait influer sur le risque opérationnel.
Évaluation du risque opérationnel
Les éléments qui suivent doivent être pris en compte dans l’évaluation du risque opérationnel :
Fournisseurs de services : Lorsqu’un régime a recours à différents fournisseurs de services pour mener à bien l’activité d’envergure Gestion des éléments d’actif, le risque peut être supérieur puisque les relations et les structures de rapport sont plus complexes. Par exemple, la reddition de comptes à propos des modifications aux investissements du régime entre les gestionnaires de placements et le dépositaire est considérable. Si le régime de retraite fait affaire avec plusieurs gestionnaires de placements et détient des investissements dans de nombreux instruments différents, le risque opérationnel est supérieur.
Stratégie de placement : Lorsqu’un régime de retraite choisit une gestion de placements active (par opposition à une gestion passive), le risque opérationnel est supérieur. Les stratégies de placement plus complexes donnent aussi lieu à un risque opérationnel accru.
3.3 Risque juridique et réglementaire
Il s’agit du risque que le régime ne soit pas conforme aux règles, aux règlements, aux pratiques prescrites et aux normes fiduciaires en vigueur dans les administrations où le régime exerce des activités. Dans le cas des régimes de retraite, le risque juridique est principalement lié aux mesures prises par l’administrateur.
Évaluation du risque juridique et réglementaire
Les éléments suivants doivent être pris en compte dans l’évaluation du risque juridique et réglementaire :
Type de régime : Tous les régimes doivent satisfaire à des exigences réglementaires en ce qui a trait à la gestion des éléments d’actif; toutefois, les régimes assortis de comptes de capitalisation peuvent courir un risque juridique sous forme de risque de poursuites de la part des participants en cas de mauvaises décisions de placement menant à un rendement médiocre des investissements. Ce risque est lié au défaut de fournir toute l’information nécessaire aux investisseurs ou d’offrir des options de placement appropriées. Dans le cas des régimes assortis de dispositions à prestations déterminées, il existe un risque de poursuites si des stratégies de placement inadéquates entraînent une diminution des prestations.
Fournisseurs de services : Lorsqu’un régime a recours à des fournisseurs de services pour la gestion des éléments d’actif, il peut y avoir des enjeux juridiques supplémentaires découlant des responsabilités et des tâches confiées aux fournisseurs de services. Il importe de tenir compte des modalités des contrats de services dans l’évaluation des risques.
3.4 Risque stratégique
Le risque stratégique découle de la difficulté ou de l’incapacité de l’administrateur du régime à mettre en œuvre les politiques ou les stratégies pertinentes nécessaires pour résoudre les problèmes et relever les défis liés à la conception ou à la structure du régime.
Évaluation du risque stratégique
Les éléments suivants doivent être pris en compte dans l’évaluation du risque stratégique :
Type de régime : Les activités de placement sont liées aux politiques et aux stratégies de capitalisation, ainsi qu’aux décisions relatives aux prestations versées. Dans le cas des régimes à cotisations négociées (CN), le risque stratégique inhérent peut être supérieur au risque d’un régime assorti de dispositions à prestations déterminées ordinaire, puisque les cotisations ne peuvent pas être rajustées rapidement pour répondre aux obligations en matière de capitalisation.
L’administrateur d’un régime de retraite qui offre des options de placement à une personne sans que celle-ci ne s’en prévalle doit doit placer les fonds détenus et adopte, à cette fin, la pratique d’une personne prudente gérant un portefeuille de placements approprié en matière d’épargne-retraite.
Dans le cas des régimes visés par la LRPAC qui offrent des options de placement aux participants, le RRPAC précise que l’option de placement applicable par défaut doit prévoir un fonds équilibré ou un portefeuille de placement tenant compte de l’âge du participant.
Enjeux relatifs à la capitalisation : Le nombre de défis ou de contraintes auxquels fait face l’administrateur d’un régime assorti de dispositions à prestations déterminées en raison de la nature du régime et de ses caractéristiques démographiques contribue à augmenter le niveau du risque stratégique. Il peut s’agir, par exemple :
- De l’importance du passif du régime par rapport à l’actif de l’employeur, puisque ce dernier peut compter sur les revenus de placement pour réduire la capitalisation;
- De la faible capacité de l’employeur à satisfaire aux exigences en matière de capitalisation ou de sa forte dépendance au rendement des investissements pour satisfaire à ces exigences;
- Dans le cas d’un régime à CN, les décisions de placement (p. ex., la définition de la composition de l’actif) sont davantage assujetties à des restrictions, car il faut tenir compte du fait que les cotisations ne peuvent pas être rajustées rapidement pour répondre à la volatilité de la capitalisation;
- Lorsqu’un régime prévoit des prestations déterminées généreuses, p. ex., des prestations indexées, le risque stratégique peut s’en trouver accru (parce qu’on compte plus fortement sur le rendement des investissements pour satisfaire aux prestations futures promises).
Caractéristiques démographiques du régime : Le profil démographique du régime peut être problématique et compliquer la prise de décisions, ce qui peut accroître le niveau du risque stratégique. Par exemple, le risque stratégique associé à un régime dont les participants sont dans l’ensemble vieillissants est plus élevé, puisque les cotisations futures sont moins certaines, et qu’il faudra payer des prestations élevées dans un avenir rapproché. Le choix de mauvaises stratégies de placement pourrait présenter des risques supérieurs pour de tels régimes. Il importe donc de tenir compte des caractéristiques démographiques d’une manière prospective, et en corrélation avec les prestations prévues dans les modalités du régime. Par exemple, même si un régime compte à l’heure actuelle une forte proportion de participants actifs, il peut aussi comporter des modalités de retraite anticipée généreuses, et un grand nombre de participants approchant l’admissibilité à la retraite anticipée.
4. Qualité de la gestion des risques
L’évaluation de la qualité de la gestion des risques (QGR) tient compte du rendement et des mesures d’atténuation des risques mises en œuvre par les administrateurs du régime dans deux secteurs clés : les mécanismes de contrôle et la supervision. La QGR est cotée selon l’échelle suivante : inacceptable, une amélioration s’impose, acceptable ou exemplaire.
Les mécanismes de contrôle se rapportent aux processus mis en place pour :
- aider l’administrateur du régime à s’acquitter efficacement de ses responsabilités;
- atténuer les risques inhérents du régime;
- planifier, diriger et contrôler les activités courantes du régime;
- bien informer la direction de ses responsabilités en matière de planification et d’orientation des activités du régime;
- soutenir les opérations générales du régime;
- contribuer à l’atteinte des objectifs stratégiques fixés par le conseil de fiducie ou d’administration (le conseil) ou par le comité des pensions.
La fonction de supervision assure l’intendance et la supervision indépendante du régime. Elle incombe généralement au conseil ou à un comité des pensions.
4.1 Évaluation des mécanismes de contrôle s’appliquant à l’activité d’envergure Gestion des éléments d’actif
Les mécanismes de contrôle qui devraient être en place l’activité d’envergure Gestion des éléments d’actif sont nombreux. Le GR doit se concentrer sur les risques inhérents recensés pour déterminer quels mécanismes de contrôle permettront d’atténuer ces risques.
Les réponses au Questionnaire d’autoévaluation sur les pratiques prudentes de placement qui accompagne la ligne directrice n° 6 de l’ACOR, Ligne directrice relative aux pratiques prudentes de placement des régimes de retraite, peuvent donner une indication des stratégies d’atténuation du risque mises en œuvre ou envisagées par l’administrateur du régime.
Assurance de la conformité aux exigences réglementaires : La vérification de la conformité à la législation, aux lignes directrices et aux exigences concernant l’examen des politiques et des procédures devrait être étayée par écrit. La non‑conformité peut être décelée par l’absence du dépôt des attestations requises auprès du BSIF. Ces attestations comprennent les preuves suivantes :
- que l’EPPP a été examiné et révisé, le cas échéant;
- que les placements sont conformes à la règle du 10 % (article 9(1) de l’Annexe III du RNPP);
- que le régime se conforme aux lignes directrices du BSIF sur les prêts de titres;
- que le régime se conforme aux lignes directrices du BSIF sur les mécanismes efficaces en matière d’instruments dérivés;
- que les états financiers sont exacts;
- que les actifs sont placés conformément à la LNPP et au RNPP, à la LRPAC et au RRPAC, et conformément à l’EPPP du régime, s’il y a lieu.
Toutefois, même lorsque toutes les attestations de conformité requises sont fournies, il arrive dans certains cas qu’un examen plus approfondi des mécanismes de contrôle mis en place par l’administrateur pour garantir la conformité soit nécessaire.
Preuve à l’appui des critères de sélection utilisés pour choisir un gestionnaire de placement et d’autres fournisseurs de services : Lorsque le régime fait appel aux services d’un gestionnaire de placements, un processus détaillé doit être mis en œuvre pour sélectionner un gestionnaire, et les rôles et responsabilités de l’administrateur du régime et des gestionnaires des placements doivent être définis clairement. Les critères de sélection peuvent être, par exemple, la santé financière, l’expérience et le savoir‑faire, la qualité du service, les capacités en matière de production de rapports et les honoraires. Les frais engagés pour la gestion d’un régime assorti de comptes de capitalisation revêtent une importance particulière, puisqu’ils ont des répercussions directes sur les prestations finales. Les administrateurs doivent veiller à ce que les gestionnaires de placements détiennent toutes les licences applicables et soient enregistrés auprès des autorités compétentes. De plus, les bonis des gestionnaires de placements devraient concorder avec les buts du régime.
Énoncé des politiques et des procédures de placement (EPPP) : Lorsqu’un régime est tenu d’établir par écrit un EPPP, il devrait être élaboré conformément à la Ligne directrice sur l’élaboration des politiques et des procédures de placement pour les régimes de pension fédéraux du BSIF. Il doit exister des preuves montrant que l’EPPP a été élaboré en tenant compte des points importants, et que celui‑ci est examiné périodiquement et, le cas échéant, révisé. Il doit aussi exister des preuves montrant que l’EPPP a été soumis à l’actuaire du régime (et au comité des pensions, le cas échéant). Bien que le gestionnaire de placements puisse participer à l’élaboration et à l’examen de l’EPPP, l’administrateur du régime demeure responsable au premier chef de ce dernier.
Si l’administrateur du régime n’a pas l’expertise nécessaire en matière de placements, il doit recourir à un conseiller en placements indépendant. Toute recommandation à cet égard doit être consignée, de sorte que l’administrateur puisse approuver les décisions et exercer un contrôle des activités du gestionnaire de placements. Les rôles et responsabilités pertinents de chacune des parties doivent être consignés.
Politique officielle en matière de capitalisation consignée : Une politique officielle en matière de capitalisation peut constituer un mécanisme favorable de contrôle de la gestion des risques à l’égard du risque de placement et du risque stratégique. Cette politique doit être régulièrement examinée pour veiller à ce qu’elle soit pertinente par rapport à la situation du régime.
Décisions en matière de placement : Les activités de placement peuvent exposer le régime à un éventail de risques financiers, notamment risque de marché, risque de crédit et risque de liquidité. Les risques financiers peuvent être atténués grâce à différentes stratégies. Le risque de crédit, par exemple, peut être atténué par le recours à des instruments financiers dérivés comme les contrats de swap sur défaut, qui sont conçus pour transférer d’une partie à l’autre le risque de crédit associé aux produits à revenu fixe. Des instruments financiers dérivés peuvent aussi faciliter la gestion de l’exposition au risque de change et au risque de taux d’intérêt. Il importe de souligner que les instruments dérivés ne servent pas uniquement à couvrir les risques, mais aussi, dans certains cas, à accroître le rendement des placements. Outre les instruments dérivés, on peut avoir recours à d’autres types de placements ou à des placements non conventionnels, comme les fonds de couverture, les fonds d’investissement privés, les titres d’infrastructure et les produits de base. Les administrateurs de régime doivent toutefois savoir que de telles stratégies peuvent introduire des risques additionnels. La capacité d’avoir recours à des instruments financiers dérivés doit être décrite dans l’EPPP et faire l’objet d’une surveillance étroite de la part de l’administrateur du régime. Par exemple, si l’EPPP autorise le recours à des instruments financiers dérivés pour atténuer les risques, ces instruments ne doivent pas être utilisés à des fins spéculatives. Le GR doit tenir compte de la proportion de la caisse de retraite allouée aux instruments financiers dérivés, du type de stratégie mis en œuvre et de l’expertise des responsables du régime en ce qui concerne le recours à de tels instruments.
Séparation des tâches : L’indépendance est un aspect important de la gestion des placements. Il doit y avoir une séparation nette des tâches des gestionnaires de placements, des vérificateurs et du dépositaire. Il ne devrait y avoir aucun chevauchement des rôles, et les contrats doivent énoncer explicitement les tâches et interactions de chaque partie.
Preuve de l’exécution de simulations de crise : Les simulations de crise visant un portefeuille de placements constituent des mécanismes favorables de contrôle de la gestion des risques. Il importe qu’une analyse suffisante et régulière des résultats des simulations soit effectuée. La simulation de crise est une technique de gestion des risques qui permet d’évaluer l’incidence possible sur la situation financière d’un régime d’un ensemble de changements spécifiques des facteurs de risque correspondant à des événements exceptionnels mais vraisemblables. La simulation de crise comprend l’analyse de scénarios et l’analyse de sensibilité. Alors que l’analyse de scénarios porte généralement sur un horizon pluriannuel, l’analyse de sensibilité porte sur une période plus courte, par exemple le temps d’un choc instantané. L’administrateur du régime doit s’assurer que chaque scénario est considéré en termes d’impact sur le régime et de probabilité que le scénario se produise. Il doit y avoir des preuves que les résultats des analyses de simulations de crise ont été pris en considération lors de la prise des décisions en matière de placement. Les résultats des simulations de crise doivent également être pris en compte au moment de l’établissement ou de l’examen de l’EPPP et de la politique en matière de capitalisation du régime.
Contrôle du gestionnaire de placements : Lorsque le régime de retraite a recours aux services d’un gestionnaire de placements, il devrait y avoir des preuves à l’appui de la surveillance permanente de ce dernier, étayées par des communications régulières entre l’administrateur du régime et le gestionnaire de placements. Il devrait aussi y avoir des preuves de l’évaluation du gestionnaire de placements. Les critères d’évaluation peuvent comprendre des paramètres comme la conformité à la politique en matière de placements, la détection rapide des problèmes, l’examen du rendement par rapport aux normes établies dans les ententes, etc. Ces critères doivent comprendre des paramètres quantitatifs et qualitatifs et doivent concorder avec les buts du régime de retraite.
Tenue des dossiers : L’administrateur du régime doit élaborer une politique de conservation et d’archivage des documents liés aux activités de placement. Il doit aussi tenir à jour l’information sur le portefeuille de placements du régime afin de faciliter l’analyse de la conformité aux limites énoncées dans l’EPPP en ce qui a trait à la qualité, à la concentration et à la non‑concordance des éléments d’actif.
4.2 Évaluation de la fonction de supervision de l’activité d’envergure Gestion des éléments d’actif
Cette fonction est généralement prise en charge par le conseil de fiducie ou d’administration, ou par un comité des pensions. Il devrait y avoir des preuves (par exemple, des résolutions du conseil, des comptes rendus de réunions) que cet organe d’administration participe aux activités de supervision de la gestion des éléments d’actif, qui doivent notamment comprendre ce qui suit :
- Examen des résultats des simulations de crise : La participation du conseil est essentielle pour garantir l’utilisation appropriée de la simulation de crise aux fins de la gouvernance du régime et de la stratégie de capitalisation. Cela comprend l’établissement des objectifs de la simulation de crise, la définition des scénarios, la détermination de la fréquence des simulations, la discussion des résultats obtenus, l’évaluation des mesures possibles et la prise de décisions.
- Examen et approbation de la politique en matière de placements : Il devrait y avoir des preuves montrant que l’EPPP a été examiné et approuvé, avec l’aide d’un conseiller en placements indépendant au besoin, et que la politique et sa mise en application font l’objet d’un examen permanent.
- Vérification de l’existence d’un comité de supervision des placements et, dans l’affirmative, de la nature et de la portée de ses travaux.
- Assurance que les activités de placement ont fait l’objet d’une vérification.
- Recensement et suivi des défaillances en matière de gestion des éléments d’actif.
- Vérification de la mention de problèmes liés à la gestion des éléments d’actif dans un rapport de l’auditeur du régime de retraite et, dans l’affirmative, confirmation que ces problèmes ont été résolus.
Lorsque le conseil a délégué ces fonctions à la haute direction, il devrait y avoir des preuves étayant la reddition de comptes au conseil confirmant que les activités de gestion des éléments d’actif sont encadrées conformément à la loi, à l’EPPP et aux autres directives fournies à la direction par le conseil.
5. Risque net
Le risque net associé à chaque activité d’envergure dépend du niveau global des risques inhérents, compte tenu de la qualité globale de la gestion des risques. Les niveaux globaux sont fondés sur un jugement qui tient compte de toutes les cotes des risques inhérents et de la qualité de la gestion des risques associées à l’activité. Le risque net est coté selon l’échelle suivante : faible, modéré, supérieur à la moyenne ou élevé.
L’évaluation du risque net associé à l’activité d’envergure Gestion des éléments d’actif exige que l’on détermine le niveau de chaque risque inhérent et la qualité des mesures d’atténuation de ces risques dans le cadre des activités de gestion des risques (mécanismes de contrôle et fonction de supervision) effectuées par l’administrateur du régime.
Lorsqu’on détermine le risque net, certains risques inhérents influencent la cote plus que d’autres. Le GR doit faire preuve de jugement lorsqu’il détermine les risques qui ont la plus grande influence sur le risque net. Outre les risques inhérents, il faut tenir compte des cotes attribuées aux mécanismes de contrôle et aux fonctions de supervision dans l’attribution d’une cote de risque net à l’activité d’envergure Gestion des éléments d’actif.
Exemple : Un régime est confronté à un risque de placement élevé en raison de l’augmentation de l’âge des participants. Le GR doit déterminer si certaines stratégies d’atténuation des risques particulières ont été mises en œuvre, par exemple l’établissement d’une politique en matière de capitalisation, et si l’EPPP et le portefeuille de placement indiquent que ce risque a été pris en compte au moyen d’une stratégie appropriée, par exemple une stratégie d’immunisation.
Exemple : Un régime peut être confronté à un risque stratégique élevé en raison des mesures et des décisions prises par l’organe directeur (p. ex. le conseil ou le comité des pensions). Un régime à CN présentant un risque stratégique élevé lié à l’importance des cotisations négociées pourrait entrer dans cette catégorie. Dans un tel cas, l’examen de la fonction de supervision revêt une importance particulière, l’organe directeur devant être très au fait de la situation du régime afin d’être en mesure de prendre en temps utile les mesures qui s’imposent si la situation l’exige.
Voici la portion de la matrice de risque qui s’applique à l’évaluation du risque net associé à l’activité d’envergure Gestion des éléments d’actif :