Allocution de Ben Gully, surintendant adjoint, Secteur de la surveillance, lors de la webémission du BSIF sur la gestion du risque
Discours - Virtuel -
Bonjour à toutes et à tous.
Je suis ravi de vous accueillir pour l’édition 2025 de notre webémission sur la gestion du risque. C’est formidable de voir autant de participants du secteur financier canadien parmi nous aujourd’hui.
Merci à vous d’être là, et merci à mes collègues du BSIF qui ont contribué à l’élaboration du programme d’aujourd’hui.
Cette webémission est devenue l’un des piliers de nos échanges avec les institutions que nous surveillons. De fait, elle nous sert de tribune pour renforcer le dialogue, faire connaître notre point de vue sur le paysage actuel du risque et focaliser notre attention à tous sur les problèmes les plus pressants.
Ainsi, nous restons vigilants, nous entretenons la communication et nous maintenons la gestion du risque au cœur du processus décisionnel.
Les exposés d’aujourd’hui sont avant tout tournés vers l’avenir : comment nous appliquons notre Cadre de surveillance, comment nous nous acquittons de notre mandat élargi et comment nous nous attendons à ce que les institutions financières, les dirigeants et les conseils d’administration soutiennent le rythme de ces changements.
Réflexions sur l’environnement de risque actuel
Permettez-moi de commencer par quelques réflexions sur l’environnement de risque actuel.
Les risques financiers se retrouvent de nouveau en tête de nos priorités. Bien que les risques liés à l’intégrité et à la sécurité continuent d’exiger notre vigilance, le paysage actuel du risque est de plus en plus marqué par de nouveaux facteurs économiques défavorables, par une incertitude accrue et par l’apparition des premières tensions sur le marché du travail, notamment des signes de hausse du chômage.
En effet, les tensions commerciales à l’échelle mondiale – et l’imprévisibilité des droits de douane – se répercutent sur les chaînes d’approvisionnement et les marchés du crédit. Cette volatilité crée énormément d’incertitude et de difficultés pour les institutions.
Les répercussions liées aux droits de douane pourraient également exacerber les tensions actuelles dans les secteurs des prêts immobiliers et du crédit aux entreprises, deux points mis en évidence dans le Regard annuel du BSIF sur le risque. Bien que les portefeuilles de prêts se soient montrés résilients jusqu’ici, l’incertitude sur le plan des investissements et les effets de deuxième ordre liés aux droits de douane pourraient entraîner une augmentation des incidents de paiement et des prêts douteux dans la seconde moitié de l’année.
La hausse des coûts, la diminution de la demande des consommateurs et l’incertitude entourant les exportations exercent également des tensions accrues sur les entreprises, surtout dans les secteurs tributaires du commerce.
En outre, les prix élevés des logements attribuables aux déséquilibres persistants sur le marché de l’habitation ont entraîné des niveaux d’endettement plus élevés pour certains ménages et certaines entreprises, les rendant plus vulnérables aux chocs financiers.
Les marchés de financement, quant à eux, fonctionnent bien pour l’instant. Toutefois, la volatilité des marchés – causée par le contexte géopolitique actuel – peut influer sur le coût et sur la disponibilité du financement en monnaie nationale ou en devises.
Dans ce contexte, nos surveillants collaborent activement avec les institutions sur la préparation à un ralentissement économique, ce qui comprend des mesures visant le provisionnement, les plans de financement d’urgence, la simulation de crise, la gestion de portefeuille et la préparation opérationnelle. Par conséquent, les institutions doivent réorienter leurs priorités, non pas exclusivement mais sensiblement, sur la résilience financière.
Le fait est que l’on ne parle pas seulement d’une augmentation ou d’une diminution de certains risques, mais d’une intensification des interrelations entre les risques.
Au BSIF, notre travail est de prévoir comment ces tensions pourraient évoluer et de guider les institutions pour qu’elles maintiennent leur résilience tout en y faisant face. Or, ce n’est pas un segment en particulier qui nous préoccupe, mais le système dans son ensemble. Nous entrons dans un cycle où une saine gestion des risques, une gouvernance prudente et la résilience compteront plus que jamais.
C’est pourquoi nous insistons sur l’importance de la capacité d’adaptation, et pas seulement sur la santé financière. Si cette dernière peut permettre à une institution de résister à une tempête, la résilience lui permet de surmonter la tempête, de se rétablir et d’être prête pour la prochaine crise.
Le rôle du BSIF – Adaptation et action
Le BSIF évolue lui aussi.
Du fait de notre mandat élargi, notre responsabilité de contribuer à la confiance du public dans le système financier canadien se trouve renforcée. Il ne s’agit plus seulement d’assurer la stabilité financière, mais aussi l’intégrité et la sécurité, qui sont, par nature, des risques prudentiels. Nous nous intéressons de plus près à la gouvernance d’entreprise, à la gestion du risque de non‑conformité et aux risques liés aux technologies, qui sont tous des éléments essentiels à la résilience d’une institution.
Cela signifie que nous nous attendons à ce que les institutions ne se contentent pas d’assurer la solidité de leur bilan. Elles doivent aussi cultiver un état d’esprit tourné vers l’avenir, autrement dit rester vigilantes face aux risques émergents, agiles dans leur réponse aux menaces changeantes, et résilientes en période de tensions.
De son côté, le BSIF continue de mettre l’accent sur les résultats : des institutions résilientes qui peuvent gérer le risque, absorber les chocs et protéger les déposants et les titulaires de police.
Le point sur l’examen du Cadre de surveillance après sa mise en œuvre et les guides d’intervention
Grâce à notre Cadre de surveillance, nous prenons des mesures délibérées pour favoriser la résilience face à une complexité croissante et à des risques interreliés. Le Cadre précise la façon dont nous évaluons le risque et décrit la manière dont nous nous attendons à ce que les institutions se mettent en adéquation avec les résultats prudentiels.
Certains d’entre vous savent peut-être déjà que ces derniers mois, nous avons rencontré différents interlocuteurs sectoriels et du milieu de la réglementation. Notre but était de recueillir directement leur avis sur la mise en œuvre de notre nouveau Cadre de surveillance.
Je vais donc commencer par remercier toutes les institutions qui ont contribué à cet effort; votre retour constitue une partie très importante de cet examen après la mise en œuvre et est inestimable pour le BSIF.
Nous analysons actuellement tous les commentaires reçus. Les enseignements tirés nous permettront d’apporter des améliorations ciblées qui renforceront l’efficacité de la surveillance et nos méthodes de travail, que ce soit à l’interne ou avec nos interlocuteurs externes. Nous présenterons les thèmes issus de l’examen aux professionnels du milieu à l’automne.
Parallèlement, nous modernisons notre Guide d’intervention auprès des institutions de dépôt fédérales. La version révisée du guide permettra d’harmoniser les outils d’intervention avec notre mandat élargi, notre énoncé de la propension à prendre des risques et notre nouveau Cadre de surveillance. Nous y intégrerons par ailleurs les leçons tirées des récentes mesures d’intervention, les commentaires recueillis dans le cadre de l’examen post-mise en œuvre et les nouveaux éléments à prendre en compte sur le plan de la sécurité nationale.
La publication est prévue pour le premier trimestre de l’exercice 2026-2027.
À noter que l’actualisation des autres guides d’intervention est également en cours.
L’importance d’une gouvernance efficace du risque
Permettez-moi maintenant de parler un peu de gouvernance du risque.
Une gouvernance solide commence au sommet. De fait, le conseil d’administration et la haute direction jouent un rôle essentiel : ils donnent le ton, désignent les responsables des différents risques et demandent des comptes à chacun.
La gouvernance d’entreprise, la gestion du risque de non‑conformité et les risques liés aux technologies sont étroitement liés au rôle du conseil d’administration et de la haute direction. L’obligation qu’ils ont de rendre compte d’une surveillance efficace et de mesures opportunes est primordiale.
Nos attentes envers le conseil d’administration n’ont pas changé. C’est l’environnement opérationnel qui a évolué : nous sommes entrés dans une période d’incertitude accrue.
Nous nous attendons à ce que la gestion du risque soit intégrée aux décisions opérationnelles, et non à ce qu’elle soit déléguée ou compartimentée. La culture joue certes un rôle, mais ce qui compte le plus, c’est que les structures de gouvernance soient efficaces, réactives et capables de produire les bons résultats dans l’urgence.
Les institutions qui assurent une bonne gouvernance et pour lesquelles il existe un lien clair entre la direction et les secteurs d’activité seront mieux placées pour relever les défis à venir.
Pour faire simple, la gouvernance du risque, c’est ce qui fait le pont entre les attentes du BSIF et les mesures prises par les institutions.
Aperçu du programme de la journée
Avant de passer à la partie technique de la webémission d’aujourd’hui, voici un aperçu du programme. Nous commencerons par un exposé de Dan Sauls et Patrick Clermont sur l’environnement de risque et les stratégies de surveillance du BSIF.
Ensuite, John Ommanney et Michele Harris feront le point sur la deuxième année de notre mandat élargi en matière d’intégrité et de sécurité, et expliqueront comment ce travail évolue et ce qu’il signifie pour les institutions.
Après une courte pause, nous nous séparerons en deux pour des séances en petits groupes sur la résilience financière. L’une mettra l’accent sur la résilience dans le secteur bancaire, l’autre sur la résilience dans le secteur assurantiel. On y parlera fonds propres, capital, liquidité et risque lié aux prêts hypothécaires.
Gaspar Csete, Sébastien Daniels et Neville Arjani interviendront durant la séance à l’intention du secteur bancaire. Pour le secteur assurantiel, c’est Patrick Clermont qui animera la séance. Il sera accompagné de Bruce Langstroth et Régis Dahany qui nous donneront des éclairages déterminants sur le plan de la surveillance.
Le surintendant, Peter Routledge, conclura la journée en nous faisant part de ses réflexions.
Voilà un programme bien rempli qui fait écho à la complexité du paysage actuel du risque et à l’importance d’une surveillance coordonnée et tournée vers l’avenir.
Conclusion et transition vers la séance technique
Avant de passer à la suite, je terminerais en vous livrant mes dernières réflexions.
Au BSIF, nous pensons qu’il est impossible d’assurer une saine gestion du risque en vase clos. La webémission d’aujourd’hui s’inscrit dans cette lignée. Nous voulons que les institutions comprennent nos attentes, pourquoi elles sont importantes et comment nous nous adaptons à mesure que les risques évoluent.
Je vous encourage donc à poser des questions, à échanger des idées et à remettre en question les idées reçues. C’est ainsi que nous irons de l’avant – ensemble.
Je vous remercie encore une fois de votre présence et j’espère que vous apprécierez le reste du programme.
Je vais maintenant céder la parole à mes collègues.