Peter Routledge, surintendant, annonce le taux de la réserve pour stabilité intérieure – Juin 2025
Discours - Virtual -
Merci de votre présence à cette annonce de juin 2025 sur le taux de la réserve pour stabilité intérieure, ou RSI dans sa forme abrégée.
J’aimerais d’abord souligner que je m’adresse à vous aujourd’hui à Ottawa, sur les terres ancestrales qui ont longtemps été un lieu de rassemblement des peuples autochtones, dont la nation algonquine Anishinaabeg. Je suis reconnaissant de pouvoir être présent sur ce territoire.
La réserve pour stabilité intérieure s’applique aux 6 plus grandes banques canadiennes, ou « banques d’importance systémique intérieure ». Elle exige que ces banques se dotent d’une réserve de fonds propres sur laquelle elles pourront compter en période de tensions. La RSI est une réserve de fonds propres utilisable qui doit être constituée en période de croissance, et dans laquelle on peut puiser lorsque des risques se matérialisent.
Nous avons décidé de maintenir le taux de la réserve pour stabilité intérieure à 3,5 %. Notre prochaine annonce aura lieu en décembre 2025.
La décision d’aujourd’hui repose sur le fait que les vulnérabilités du système financier demeurent élevées, mais stables. L’incertitude causée par l’intensification des conflits commerciaux ne s’est pas encore fait ressentir dans les indicateurs de tensions du système financier. Au BSIF, nous demeurons vigilants et attentifs à de telles tensions, et nous avons la volonté d’agir en urgence s’il le faut.
Heureusement, les banques d’importance systémique du Canada sont en position de force pour affronter cette période d’incertitude, grâce aux solides réserves de fonds propres qu’elles se sont constituées ces dernières années.
Vulnérabilités et risques
Depuis notre dernière annonce, en décembre, certaines vulnérabilités se sont modestement atténuées. Par exemple, l’endettement des ménages canadiens a diminué, même s’il demeure élevé par rapport aux niveaux historiques.
Bon nombre de propriétaires canadiens renouvelleront leurs prêts hypothécaires au cours des 18 prochains mois. La baisse des taux hypothécaires atténuera les possibles difficultés financières découlant des renouvellements, si les taux demeurent à leurs niveaux actuels. Toutefois, nous nous attendons à ce que les emprunteurs renouvellent leur prêt hypothécaire à un taux plus élevé qu’en 2020-2021, ce qui pourrait accentuer la pression financière sur les personnes qui ont un niveau d’endettement plus élevé par rapport à leur revenu.
Bien qu’elles soient stables, les vulnérabilités dans le secteur de l’immobilier commercial demeurent élevées, car l’évaluation des sûretés reste sous pression.
Nous continuons aussi à évaluer les répercussions potentielles que pourrait avoir un conflit commercial mondial sur l’économie canadienne, en nous concentrant sur les retombées pour le système financier.
Nous demeurons prêts à réagir si les conditions changeaient.
Les BIS canadiennes sont bien capitalisées
Depuis la crise financière mondiale, nous ne ménageons pas nos efforts pour renforcer la résilience du système financier du Canada. Nous avons notamment augmenté le taux de la RSI pour le faire passer à 3,5 %, tout juste sous son plafond de 4 %.
Nous observons également que les plus grandes banques du Canada restent rentables, malgré les difficultés liées à l’environnement de risque. Au 30 avril 2025, leurs ratios CET1 étaient de 13,6 % en moyenne, soit une augmentation de presque 30 points de base au cours des 6 derniers mois. Ils sont maintenant à plus de 200 points de base en moyenne au-dessus du taux de la RSI.
Conditions pour abaisser le taux de la RSI
Le recours aux réserves de fonds propres atteste de la bonne santé du système financier.
Parfois, l’abaissement du taux de la RSI peut avoir lieu après un choc grave et soudain qui secoue le système financier. Rappelez-vous, en mars 2020, nous avons abaissé le taux de la RSI de 125 points de base en raison de la pandémie de COVID-19. Dans d’autres cas, nous pourrions ajuster le taux de la RSI en réponse à la matérialisation moins grave d’un risque.
Dans les deux cas, abaisser le taux de la RSI permet aux banques d’absorber à la fois les pertes et le risque accru lié au bilan, tout en maintenant les services essentiels qu’elles offrent pour l’économie du pays.
Compte tenu du degré d’incertitude économique inhabituel qui règne en ce moment, nous nous tenons prêts à abaisser les exigences de fonds propres applicables aux banques d’importance systémique si les conditions financières le justifiaient.
Une telle mesure serait le signe de la résilience exceptionnelle que s’est forgée le système bancaire depuis la crise financière mondiale de 2008-2009. Toute décision future du BSIF d’abaisser le taux de la RSI mettrait en évidence les forces sous-jacentes de notre système bancaire, forces qui sont essentielles pour traverser les périodes de tensions économiques.
En effet, la réserve pour stabilité intérieure représente les réserves de fonds propres, détenues par les banques d’importance systémique du Canada, que nous croyons nécessaires pour faire face à un scénario de crise si les risques se matérialisaient.
Je vais maintenant céder la parole à Christina.