Peter Routledge participera à un entretien informel à l’Economic Club of Canada 2025

Discours - Toronto -

L'allocution prononcée fait foi

Animateur :

Compte tenu de l'évolution du paysage macroéconomique et géopolitique, comment le BSIF évalue-t-il actuellement l'environnement de risque avec lequel doivent composer les institutions financières fédérales et quels sont les changements ou les risques émergents les plus notables depuis la publication du Regard annuel sur le risque de 2025–2026 en mars dernier?

Surintendant Peter Routledge :

  • En mars, le BSIF mettait en relief 4 catégories de risques prépondérants :
    • Risques liés à l'intégrité et à la sécurité
    • Risques liés aux prêts de gros
    • Risques de financement et de liquidité
    • Risques liés aux prêts hypothécaires et aux prêts garantis par un bien immobilier (prêts RESL)
  • Ces 4 catégories de risque demeurent sur notre radar, mais la mise à jour semestrielle du Regard annuel sur le risque explique comment l'environnement de risque a changé. Soulignons :
    • l'incertitude persistante découlant des droits de douane et du protectionnisme commercial;
    • la faiblesse persistante du marché canadien de l'habitation, en particulier du segment de la copropriété dans la région du Grand Toronto (RGT) et dans la région du Grand Vancouver (RGV);
    • l'augmentation progressive des incidents de paiement sur prêts hypothécaires − bien que ce soit par rapport à des niveaux historiquement bas − surtout dans le cas des prêts hypothécaires à taux variable et à versements fixes (PHTVVF).
  • Cette dynamique peut mettre les emprunteurs à rude épreuve et accroître le risque de crédit, mais les institutions financières canadiennes demeurent résilientes, grâce à de solides réserves et à des pratiques de gestion du risque efficaces. Cette résilience est un avantage stratégique : elle permet à notre système financier non seulement de résister aux chocs, mais aussi de soutenir la croissance dans un monde incertain.

Animateur :

Comme le BSIF reconnaît que les différends commerciaux et la montée du protectionnisme peuvent complexifier le paysage économique du Canada, comment se prépare-t-il à atténuer les risques systémiques potentiels que pourraient poser les droits de douane et autres barrières commerciales pour les institutions financières fédérales?

Surintendant Peter Routledge :

  • Le BSIF a déjà commencé à bouger. Pour répondre à ces risques, il prend les mesures suivantes :
    • Renforcer la préparation des institutions aux situations de tensions et se tenir prêt à prendre des mesures qui leur permettent de tirer parti de la résilience qu'elles se sont forgée  
    • Continuer d'effectuer un suivi serré des profils de liquidité et de financement, et plus particulièrement en ce qui a trait à la gestion des liquidités liée aux activités étrangères importantes
    • Donner suite aux consultations ciblées ayant récemment pris fin et qui portaient sur les révisions à apporter à la ligne directrice Normes de liquidité et sur un projet de processus interne d'évaluation de l'adéquation des liquidités
    • Continuer de perfectionner ses outils de surveillance et ses méthodes de simulation de crise, toujours dans un souci de transparence et de proportionnalité
    • Poursuivre ses travaux sur l'efficacité de la réglementation : éliminer des redondances, déterminer l'étendue des activités de surveillance en fonction du risque et suspendre certaines mesures, de sorte que les institutions fédérales puissent continuer de prendre des risques, d'être concurrentielles et de soutenir la croissance, même dans un environnement commercial incertain.

Animateur :

Aux yeux du BSIF, les risques liés aux prêts hypothécaires et aux prêts garantis par un bien immobilier figurent en tête des préoccupations (tout particulièrement le choc de paiement potentiel associé aux renouvellements de prêts hypothécaires et le recours grandissant à l'amortissement négatif dans le segment des prêts hypothécaires à taux variable). Comment le BSIF interagit-il avec les institutions financières pour s'assurer qu'elles détiennent une quantité suffisante de fonds propres et qu'elles sont prêtes à composer avec une hausse potentielle des défauts de paiement et des pertes de crédit?

Surintendant Peter Routledge :

  • Si les incidents de paiements hypothécaires avoisinent encore des planchers historiques, ils sont tout de même en hausse. Nous constatons que les incidents de paiement sont plus élevés pour les prêts hypothécaires à taux variable et à versements fixes (PHTVVF) ainsi que pour les portefeuilles de prêts hypothécaires aux travailleurs autonomes et aux investisseurs.
  • Compte tenu de l'endettement élevé des ménages et de la concentration des activités sur certains marchés – par exemple le marché de la préconstruction de logements en copropriété dans la RGT et la RGV – un ralentissement éventuel pourrait se répercuter sur l'ensemble du système financier.
  • Depuis 2012, nous avons transformé en profondeur les pratiques de souscription en exposant nos attentes dans notre ligne directrice B-20, des avis relatifs à la réglementation, des lettres de surveillance et divers documents d'information publiés sur notre site Web. Actuellement, la plupart des emprunteurs peuvent compter sur une solide couverture du revenu relativement à leurs remboursements et une valeur nette élevée de leur propriété. Plus récemment, le BSIF a renforcé ses attentes à l'égard des évaluations globales et du moment de l'évaluation, afin de s'assurer que la valeur des propriétés est réaliste et à jour.
  • En ce qui concerne les institutions, le système bancaire canadien reste bien capitalisé. Les banques d'importance systémique du Canada affichaient des ratios de fonds propres de catégorie 1 sous forme d'actions ordinaires (CET1) qui s'établissaient en moyenne à 13,7 % lors du dernier trimestre, soit 220 points de base au-dessus du niveau du plancher. Cette résilience, acquise au cours des 15 dernières années, lui permet de gérer les tensions localisées qui pèsent sur le marché de la copropriété et les vulnérabilités à plus grande échelle. Nous demeurons convaincus que la résilience du système est suffisante pour gérer les risques auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui.

Animateur :

Le BSIF a pris d'importantes mesures pour simplifier son cadre réglementaire, notamment en retirant des lignes directrices désuètes, en ajustant son calendrier de publication des politiques et en mettant en pause l'application des réformes de Bâle III afférentes au « plancher d'actifs pondérés en fonction du risque » , afin d'accroître la transparence et de réduire les contraintes inutiles. Comment le BSIF concilie-t-il la recherche de l'efficacité de la réglementation et la nécessité de préserver la résilience des institutions financières canadiennes et la confiance du public à leur égard, surtout dans un contexte de risque en rapide évolution?

Surintendant Peter Routledge :

  • L'année dernière, le BSIF s'est imposé une discipline consistant à améliorer continuellement ses lignes directrices et préavis réglementaires en cherchant à éliminer les attentes déjà énoncées dans d'autres instruments ou qui n'ont plus lieu d'être. 
  • Le BSIF cherche des moyens de réaliser des gains d'efficacité sur le plan réglementaire qui permettent aux institutions financières de prendre des risques, de faire face à la concurrence et de contribuer à la croissance de l'économie canadienne sans jamais compromettre la résilience. Il s'agit d'une approche agile, ciblée, transparente et fondée sur le risque, en phase avec les principes à long terme du BSIF.
  • Nous annoncerons le retrait d'autres lignes directrices et préavis le 20 novembre prochain, conformément à notre approche consistant à simplifier de manière continue et proactive le cadre de surveillance et de réglementation. 
  • Nos mesures demeureront délibérées, ciblées et stratégiques. Un système financier résilient, ce n'est pas seulement une mesure de protection, mais plutôt une condition sine qua non à la vigueur de l'économie, à une croissance soutenue et au maintien de la confiance du public.
  • Nous estimons que le niveau actuel de surveillance et de réglementation est optimal, c'est-à-dire qu'il permet de réduire la probabilité qu'un choc financier ébranle l'économie et d'éviter la « stabilité du cimetière » dans laquelle la croissance économique est inutilement ralentie par une aversion excessive pour le risque qui pèse sur le système financier. Évidemment, ce niveau optimal évolue au fil du temps.

Animateur :

Le BSIF a souligné son engagement à l'égard de l'efficacité de la réglementation tout en assurant la résilience du système financier. Comment détermine-t-il quelles lignes directrices ou quels préavis peuvent être retirés sans causer de problème ni compromettre son efficacité en matière de surveillance, surtout à une époque où les risques financiers évoluent rapidement?

Surintendant Peter Routledge :

  • Nous avons toujours été un organisme de réglementation proactif et tourné vers l'avenir. Autrement dit, nous ne nous attardons pas sur les risques d'hier, nous préparons le système financier canadien aux possibilités de demain. 
  • Voilà pourquoi nous avons adopté une discipline visant l'efficacité en matière de réglementation. Concrètement, nous examinons l'ensemble de nos consignes en nous demandant pour chacune si elle traite d'un risque actuel considérable. La consigne est-elle claire et à la mesure de la situation? Dans la négative, nous la retirons. Dans l'affirmative, nous la perfectionnons ou l'actualisons. Cette discipline nous permet d'éliminer les chevauchements de même que les exigences désuètes et d'accorder la priorité aux activités de surveillance qui comptent le plus.
  • Notre travail d'encadrement comprend l'élaboration de politiques et de lignes directrices ainsi que la surveillance des institutions financières. Pour ce faire, nous avons recours à un modèle de surveillance fondé sur le risque, qui repose sur des principes et est axé sur les résultats. Ainsi, plus le profil de risque d'une institution est élevé, plus elle fera l'objet d'une surveillance étroite, et inversement. Nous sommes par ailleurs conscients que des caractéristiques comme la taille et la complexité varient d'une institution à l'autre, et nous modulons notre approche de surveillance en conséquence. Ce modèle garantit que le retrait de consignes ne compromet jamais la résilience et ouvre la voie à une surveillance plus efficace et proportionnée.