Mise à jour semestrielle du Regard annuel sur le risque - 2025-2026

Type de publication
Regard annuel sur le risque
Date

Introduction

Les institutions financières canadiennes continuent de naviguer dans un environnement de risque complexe et subissent les incertitudes liées au commerce et aux droits de douane. Néanmoins, le BSIF estime que le système est suffisamment résilient pour absorber la possible concrétisation des principaux risques.

En mars, notre Regard annuel sur le risque (RAR) mettait en relief 4 principaux risques :

Risques liés à l’intégrité et à la sécurité

Risques liés aux prêts de gros

Risques de financement et de liquidité

Risques liés aux prêts hypothécaires et aux prêts garantis par un bien immobilier (prêts RESL)

 

Depuis la publication du RAR de 2025, les risques pour l’économie canadienne ont évolué, notamment en raison de l’intensification des discussions sur les droits de douane, de la hausse du chômage et de la pression continue sur le marché de l’habitation. Malgré cette transition, les institutions financières canadiennes demeurent bien placées pour faire face à l’environnement de risque. Elles continuent de faire preuve d’une solide résilience financière et d’une bonne préparation à un ralentissement économique.

L’incertitude entourant les négociations tarifaires a réduit l’activité des prêteurs, des emprunteurs, des consommateurs et des fournisseurs, qui attendent que cet enjeu soit réglé. La menace d’une hausse des coûts des principaux intrants économiques et la possibilité d’une hausse du taux de chômage minent la confiance et freinent les investissements. La détérioration de l’environnement économique entraînera une diminution des flux de trésorerie et une évaluation à la baisse des actifs.

Le marché de l’habitation au Canada était déjà sous pression avant les tensions commerciales d’avril et il continue de montrer des signes de faiblesse. Le ralentissement économique accentuera ces tensions au cours de l’année à venir. Au Canada, le marché des logements en copropriété est sous pression, en particulier dans la région du Grand Toronto et dans la région du Grand Vancouver, et il s’est détérioré davantage depuis que nous en avons parlé dans notre Regard annuel sur le risque du printemps.

Répercussions de l’incertitude entourant les droits de douane

L’incertitude quant à la gravité des tensions commerciales a atteint son paroxysme en avril, puis s’est partiellement dissipée. Jusqu’à présent, les marchés se sont bien adaptés à cet environnement opérationnel. Bien que les marchés financiers aient pris en compte l’incidence des résultats négatifs, il demeure possible qu’un choc attribuable à des événements imprévus et volatils vienne frapper les consommateurs et les entreprises plus durement que ce qui avait été anticipé. Le manque de clarté sur les droits de douane suscite un certain malaise chez les consommateurs et les entreprises qui sont très sensibles aux résultats des négociations en cours.

Cet environnement opérationnel plus restrictif en matière de commerce mondial pourrait nuire à l’économie canadienne. Dans un contexte économique affaibli, on peut s’attendre à constater des pressions à la baisse sur le marché de l’habitation, les investissements des entreprises et la confiance des consommateurs. Cette conjoncture est par ailleurs susceptible de nuire aux emprunteurs et à la valeur des garanties, ce qui augmentera en fin de compte le risque de crédit des institutions financières canadiennes.

Marché de l’habitation et prêts de détail

L’activité transactionnelle sur le marché de l’habitation canadien reste inférieure aux moyennes sur 10 ans. De plus, les prix des maisons continuent de baisser, le marché résidentiel dans certaines régions connaissant une hausse du nombre d’inscriptions disponibles à la vente.

Les incidents de paiement dans le domaine du crédit aux ménages continuent d’augmenter, bien qu’ils soient calculés à partir de niveaux historiquement bas, alors que les emprunteurs font face à un affaiblissement de l’économie et qu’ils doivent composer avec des remboursements de dette plus élevés. Les taux de défaut de paiement reviennent aux niveaux observés avant la COVID.

Nous constatons que les incidents de paiement sont plus élevés pour les prêts hypothécaires à taux variable et à versements fixes (PHTVVF) ainsi que pour les portefeuilles de prêts hypothécaires aux travailleurs autonomes et aux investisseurs. Les niveaux d’incidents de paiement à Toronto continuent d’être supérieurs à ceux observés dans les autres grands centres.

Sur le marché de l’habitation, le segment des logements en copropriété affiche la faiblesse la plus importante, en particulier pour les constructions neuves à plusieurs logements, pour lesquelles les prix baissent à mesure que l’offre augmente. D’autres diminutions du prix des logements en copropriété pourraient avoir des conséquences négatives sur les prêts hypothécaires de placement, faire chuter la valeur des garanties et réduire l’intérêt des investisseurs pour les nouveaux projets de construction de logements collectifs. On peut donc s’attendre à des répercussions directes sur les emplois liés au secteur de la construction immobilière et des tensions économiques.

Les préoccupations liées à l’échéance des prêts garantis par un bien immobilier (prêts RESL) se sont atténuées, car il est probable que les taux de renouvellement soient inférieurs à ceux de 2024, compte tenu des 7 baisses du taux directeur de la Banque du Canada depuis juin 2024. Un sous-ensemble d’emprunteurs connaîtra toutefois une augmentation importante de leurs paiements. En mai 2025, parmi tous les prêts hypothécaires en cours (sur la base du nombre de prêts), on comptait 31 % de prêts hypothécaires à taux fixe et de PHTVVF dont le renouvellement aura lieu d’ici la fin de 2027, et dont le montage s’est effectué lorsque les taux étaient à des niveaux historiquement bas (avant mars 2022).

Réponse du BSIF

En réponse aux défis posés par le marché de l’habitation, nous continuons d’évaluer le respect des principes de la ligne directrice B-20 concernant les normes de souscription prudentes, la gestion de portefeuille et les pratiques de gestion de comptes. Nous examinons attentivement le respect de la nouvelle mesure du ratio prêt-revenu et nous évaluons les pratiques de gestion du risque des prêteurs qui accordent des PHTVVF.

Pour répondre expressément aux préoccupations concernant les variations de la valeur des propriétés, le BSIF a publié le 17 juillet 2025 un document d’information sur les évaluations globales et sur le moment de l’évaluation. Ce faisant, il a consolidé ses attentes à l’endroit des prêteurs hypothécaires, qui doivent établir des politiques pour veiller à ce que les évaluations soient opportunes, réalistes et justifiées, conformément à la ligne directrice B-20, afin de tenir compte de la valeur actuelle du bien immobilier.

Nous effectuons également un suivi étroit afin de nous assurer que les institutions sont préparées à faire face à des scénarios qui pourraient entraîner des répercussions sur leurs liquidités. Les travaux de surveillance comprennent notamment l’évaluation de la gestion des liquidités liée aux activités étrangères importantes. Des consultations ciblées, qui ont récemment pris fin, portaient sur les révisions à apporter à la ligne directrice Normes de liquidité et sur un projet de processus interne d’évaluation de l’adéquation des liquidités. Les commentaires recueillis lors de la consultation seront intégrés aux prochaines mises à jour de la ligne directrice sur le risque de liquidité et aux consultations futures sur celle-ci qui auront lieu en 2026.

Étant donné nos préoccupations concernant les résultats économiques inattendus et la possibilité d’une tension généralisée sur le marché des capitaux en raison de l’incertitude persistante, nous nous concentrons sur l’état de préparation des institutions à faire face à des situations de crise. De plus, nous sommes prêts à prendre les mesures qui s’imposent pour alléger les contraintes imposées aux institutions et veiller à ce que le système financier canadien puisse tirer parti de la résilience financière qu’il s’est forgée dans les moments difficiles.

Vous trouverez de plus amples informations sur nos consignes prioritaires prévues pour la période de l’année civile allant du troisième trimestre de 2025 au premier trimestre de 2026 à la page de notre site Web intitulée Calendrier de publication des politiques et des annonces.